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Tourner sa langue sept fois avant de parler d’une autre…

Brian Lilley, de la chaîne Sun TV News, aurait dû y réfléchir deux fois avant de critiquer la manière dont ses « collègues » de CBC prononcent le nom des athlètes québécois prenant part aux Jeux Olympiques de Sotchi.

Dans son émission diffusée hier soir, l’animateur n’a pas hésité à ridiculiser la prononciation cassée des noms francophones lorsque dite par les journalistes anglophones de la télévision d’État. Selon lui, la prononciation ne devrait pas être altérée lorsque faite dans un contexte anglophone, particulièrement lorsqu’il est possible « d’angliciser » ces noms.

M. Lilley allègue que cette manie des journalistes de « moduler leur accent » à l’origine des mots fait en sorte qu’on ne comprend même pas certains passages du message.

De mèche avec le « spécialiste linguiste » néoécossais Harley Sims, il pousse l’odieux jusqu’à qualifier la langue française de « foreign language », c’est-à-dire une langue étrangère, alors qu’il s’agit de l’une des deux langues officielles du Canada. On peut être difficilement plus méprisant à l’égard des francophones du pays.

Évidemment, une telle sortie a provoqué un tollé du côté des Québécois francophones, si bien que la vidéo compromettante, qui est devenue virale en l’espace de quelques heures, a été retirée du site Internet de la station au cours de la journée d’aujourd’hui.

Il a beau avoir présenté de piètres excuses, lors de son émission d’aujourd’hui, cela n’excuse en rien les commentaires mesquins qu’il a émis la veille. M. Lilley semble avoir utilisé le prétexte linguistique pour tirer à boulets rouges sur une chaîne concurrente et pour en ridiculiser les artisans.

Il est difficile de croire l’animateur quand il dit qu’il ne s’attendait pas à de telles réactions à la suite de la diffusion du topo. Chaque mot, chaque phrase énoncée par MM. Lilley et Sims semble avoir été dit pour choquer ou pour cogner davantage sur le clou. Une chose est sûre, l’émission et la chaîne ont beaucoup fait parler d’elles au cours des 24 dernières heures, comme à chaque controverse que créée Sun TV News.

De plus, il ne s’agit pas de la première fois que M. Lilley et son collaborateur critiquent la manière de prononcer certains mots dans une autre langue. Déjà, en 2011 si je ne m’abuse, ils débattaient sur le sujet sur les ondes de Sun TV News. On peut donc en déduire que le contexte olympique n’était qu’un prétexte pour rabaisser les journalistes de la CBC.

Évidemment, les médias peuvent s’autocritiquer les uns les autres. Après tout, un média défend de facto la liberté de presse et d’expression (dans une certaine mesure); il ne peut donc pas s’opposer systématiquement à la critique puisqu’en diffusant des informations formatées selon ses choix éditoriaux, il s’y expose constamment.

Mais il faut être très prudent avant de faire la critique publique d’un média concurrent. Celle-ci doit être basée sur des faits et doit relever des erreurs factuelles vérifiables et réfutables ou des omissions qui affectent grandement la qualité de l’information présentée. On ne peut reprocher à un autre média d’avoir adopté une ligne idéologique différente et encore moins se moquer de l’élocution des journalistes sous prétexte qu’elle ne nous satisfait pas. Cela équivaut à juger une présentatrice sur son apparence plutôt que sur sa compétence.

Bref. Une erreur de parcours (et de jugement) pour M. Lilley? Peut-être bien. Gageons que la prochaine fois, il tournera sa langue sept fois dans sa bouche avant d’en rajouter…

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