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Journalisme alimentaire

Nous, journalistes, commençons à avoir l’habitude d’être confrontés à la mort annoncée de notre noble métier.

J’en ai parlé régulièrement sur ce blogue, et pas plus tard qu’il y a quelques mois, je répondais au billet de Martin Bisaillon, qui comparait les journalistes à des bélugas en voie d’extinction.

Et pour preuve: au cours des derniers jours, on apprenait que le métier de journaliste (dans l’imprimé) est le pire emploi à occuper actuellement, selon un palmarès de CareerCast.

Career Cast indique que les perspectives d’emploi en journalisme écrit chutent d’environ 13%. On attribue ce déclin à la migration des auditoires et, conséquemment, des annonceurs, vers des plateformes numériques.

Ce faisant, les conditions de travail des journalistes s’effritent. Le palmarès chiffre d’ailleurs à un peu plus de 36 000$ le revenu moyen des reporters.

Mais grâce à leurs compétences en communications, note l’étude, les journalistes peuvent se trouver du travail en relations publiques, une profession beaucoup plus prometteuse et surtout, plus payante. Belle ironie de lire que, pour survivre, il faut passer du côté « sombre » de la force.

Un très bel exemple, tout frais, confirme cette tendance « alimentaire » à laquelle certains journalistes doivent éventuellement se plier. Troquer un métier passionnant, mais pas cette passion, pour un autre qui permet de subsister. Un journaliste, lauréat du prix Pulitzer, rien de moins, qui a quitté son emploi pour devenir relationniste, parce que le journalisme ne lui permettait pas de se payer un toit sur la tête. C’est dire!

Bref, quand on lit tout ça, on a l’impression que le journalisme est devenu une vocation, un peu comme les religieux ou les enseignants de l’époque d’Émilie Bordeleau, et qu’on répond à « l’appel » de l’information, une information libre, rigoureuse, éclairante et ayant pour seuls fondements la démocratie et l’intérêt public. Des vœux pieux?

Serions-nous vraiment si stupides de nous acharner dans un métier qui, selon plusieurs, agonise? Devons-nous baisser les bras parce que l’intérêt populaire se porte ailleurs? Pour toutes ces raisons, devons-nous cesser de nous battre contre la noirceur?

Évidemment, je réponds non à toutes ces questions, comme je connais de nombreux journalistes qui seront de mon avis. C’est sans aucun doute une question de priorités et surtout, de tolérance.. à la frugalité!

Le désir et la satisfaction d’informer autrui, de contribuer au débat public et d’être, grâce à ses mots, un acteur de changement, ne mettent peut-être pas de pain sur la table, mais il nourrissent l’esprit.

2 réflexions au sujet de “Journalisme alimentaire”

  1. Qu’il est rafraîchissant de te lire! Je n’aurais pu mieux exprimer la belle et douce folie qui nous anime et qui nous pousse à persister. Moins riche peut-être, mais tellement plus heureux!! Nous avons, et de loin, le métier le plusse meilleur au monde!! 🙂

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  2. «Mais grâce à leurs compétences en communications, note l’étude, les journalistes peuvent se trouver du travail en relations publiques, une profession beaucoup plus prometteuse et surtout, plus payante.»

    Le jour où il n’y aura plus de journalistes, aura-t-on besoin d’autant de personnes en relations publiques?

    🙂

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