Médias

Conseil de presse: qui aime bien châtie bien

Raymond Corriveau a été président du Conseil de Presse du Québec de 2004 à 2009. Près de quinze ans après sa démission, qui s’est faite alors que l’organise était divisé, celui qui a aussi été professeur associé à l’Université du Québec à Trois-Rivières a toujours continué de suivre les activités de l’organe d’autorégulation de l’information.

Tout récemment, il a publié Un conseil de presse est-il encore possible? Les misères de l’autorégulation, un bref essai dont la préface est signée par nulle autre que l’éminente Dominique Payette.

Force est d’admettre que M. Corriveau est vivement déçu de l’organisme qu’il a présidé pendant cinq ans et que les motifs qui l’ont mené à quitter sa fonction sont à son avis encore valables.

Selon l’auteur, la faiblesse du Conseil de presse du Québec réside dans ce que ce dernier considère comme sa force, c’est-à-dire sa composition tripartite, où journalistes, patrons de presse et membres du public sont assis autour d’une même table pour discuter de ce qui est éthique ou non dans le milieu.

M. Corriveau illustre – avec justesse – certaines décisions controversées du tribunal d’honneur et démontre que celui-ci est trop souvent à la merci des entreprises de presse, qui contribuent à son financement et qui menacent de quitter le navire dès qu’un blâme envers un de leurs artisans se fait sentir. Selon lui, cette façon de faire a pour effet de rendre le Conseil de presse complaisant, ce qui le place constamment en position d’échec face à sa noble mission qui devrait plutôt redonner confiance au public envers les médias.

Au long des quelques 200 pages de son livre, M. Corriveau avance que le modèle d’autorégulation de la presse au Québec a échoué. Il plaide pour un encadrement plus sévère et plus strict des activités médiatiques et propose la mise en place d’un tribunal administratif, en plus de relancer du bout des lèvres le débat sur le statut professionnel des journalistes, laissant planer le spectre d’un ordre. Des mesures plus musclées qui, selon l’auteur, sont nécessaires alors que le journalisme agonise et que des contenus moins rigoureux pullulent en ligne.

Nonobstant l’opinion de l’auteur sur l’état actuel du Conseil de presse, l’ouvrage s’avère une référence essentielle en ce sens où il retrace l’historique de l’organisme, à partir des toutes premières discussions sur les besoins de réguler l’industrie de l’information. M. Corriveau collige dans son essai d’importantes informations historiques et parvient à rappeler l’état d’esprit dans lequel le Conseil de presse est né, il y a cinquante ans cette année.

Une chose est sûre: malgré ses doléances envers le Conseil de presse du Québec, on sent que Raymond Corriveau est encore épris des médias. Il souhaite leur survie et c’est pour le bien de l’industrie, pour la crédibilité et pour assurer un avenir aux médias d’information qu’il se montre sévère à l’endroit du système d’autorégulation actuel. Bref, qui aime bien châtie bien…

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