Médias

Unis pour l’avenir des médias de la Rive-Sud

Ce mercredi, un peu plus d’une centaine de personnes s’étaient réunies au campus longueuillois de l’Université de Sherbrooke afin de faire une déclaration d’amour à leurs médias locaux.

Citoyens, élus, personnalités d’affaires et représentants d’associations de médias ou des médias de la Rive-Sud ont passé la journée à discuter du rôle essentiel que joue l’information locale au sein de cette communauté éparse et diverse à « l’ombre du grand soleil de Montréal et de ses grands médias », pour reprendre l’expression utilisée par le député fédéral de Longueuil-St-Hubert, Denis Trudel, co-instigateur de l’événement.

Les directeurs de la station FM 103,3, Éric Tétreault, de la chaîne TVRS, Sylvain Casavant et du groupe de presse Gravité Média, Julie Voyer, étaient aussi derrière ce sommet qui leur a permis de connaître ce qui constituent leurs forces et leurs faiblesses selon ceux qu’ils aspirent à informer.

Le premier panel réunissant huit citoyens de divers âges et occupations a été intéressant, quoique confrontant. En effet, il a mis en relief la méconnaissance du public du fonctionnement d’un média, eux qui se plaignaient de la publicité qu’on y retrouve tout en exprimant de profondes réserves face à un financement public de l’information. Comment financer les nouvelles alors?

Plusieurs ont aussi déploré le fait que leur hebdomadaire local était plus mince, en termes de pages et du nombre de nouvelles couvertes, que depuis quelques années, conséquence directe de cette baisse de financement.

Fait réjouissant, ces consommateurs d’information locale souhaitent en savoir davantage sur ce qui se passe chez eux, sur les membres de leur communauté.

En deuxième partie, des personnalités représentant la Ville de Longueuil et la MRC du Roussillon, le milieu communautaire et la chambre de commerce locale ont pris la parole. Elles ont été confrontées à leurs propres contradictions, à savoir qu’ils prêchent pour des médias locaux en santé, mais ont parfois le mauvais réflexe de privilégier les médias nationaux quand vient le temps de partager de l’information. On a particulièrement apprécié l’humilité de ceux qui ont fait un mea culpa et qui se sont engagés à faire mieux.

Un panel a été dédié au rôle important que jouent les médias de proximité sur la création et la consolidation d’une identité locale et régionale.

Le point fort de la journée a toutefois été le panel occupé par trois associations de médias, à savoir la Fédération des télévisions communautaires du Québec, l’Association des radios communautaires du Québec et Hebdos Québec, venus expliquer comment de toutes petites organisations médiatiques, souvent tenues à bout de bras par des bénévoles, tentent de faire survivre l’information locale dans leurs régions respectives.

Selon Amélie Hinse, directrice générale de la FTCQ, 30% des médias de la province sont communautaires. Sylvain Poisson, dg d’Hebdos Québec, a souligné que le retrait des avis publics dans les journaux imprimés représente des pertes annuelles de cinq millions de dollars pour ses membres.

Quelques solutions ont émergé de tous ces échanges, dont la rédaction d’un livre blanc de l’information locale et un meilleur financement public stable et pérenne des médias régionaux. Plusieurs intervenants ont d’ailleurs insisté sur le fait que ce financement doit être réclamé des communautés et des alliés des médias et pas seulement par ceux-ci.

Cette journée de réflexion et de concertation s’est terminée par l’adoption d’une Déclaration commune, que je reproduis ici:


Considérant que les citoyens ont droit à une information de qualité, quel que soit l’endroit où ils se trouvent au Québec, et qu’ils la réclament;

Considérant qu’une information complète et de qualité est une condition nécessaire à l’existence et l’exercice de nos droits démocratiques et de nos devoirs civiques;

Considérant que les médias locaux et communautaires occupent une place unique et irremplaçable dans l’écosystème médiatique;

Considérant le rôle joué par les médias locaux pour le développement du tissu économique, culturel, social et communautaire des villes et villages de tout le territoire québécois;

Considérant l’importance grandissante, dans le quotidien des citoyen·nes, des décisions prises par les gouvernements de proximité;

Considérant que la situation précaire des médias locaux met à risque le droit du public à une information de qualité et conséquemment notre capacité collective à débattre sereinement.

***

Nous, associations nationales représentant les médias locaux et communautaires du Québec, croyons que le moment est venu de s’allier, de se mobiliser et d’agir avec vigueur pour défendre l’information locale.

Nous réclamons de tous les paliers de gouvernement, du municipal au fédéral, qu’ils assument pleinement le rôle qui est le leur afin que l’on se donne, collectivement, les moyens de protéger et respecter le droit, le besoin et le désir du public pour de l’information de qualité, à l’échelle locale.

Le travail ne fait que commencer. Et nous le poursuivrons tant et aussi longtemps que les conditions ne seront pas réunies pour que les médias locaux aient les moyens de jouer le rôle fondamental qui est le leur.

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