Médias

Pourquoi soutenir les médias d’information est bénéfique pour sauver la langue française

Ainsi, Québec prévoit investir plus d’un demi-milliard de dollars sur cinq ans pour assurer la pérennité de la langue française dans la province. Dimanche, on nous a présenté le Plan pour la langue française, qui touche aussi bien l’immigration que les travailleurs, l’éducation ou l’enseignement supérieur, tout cela pour inverser le déclin du français constaté notamment par le ministre Jean-François Roberge.

Un ministre élu au sein d’un gouvernement qui se targue de vouloir recruter des « top guns » au privé pour remettre le paquebot étatique sur sa trajectoire. Quand même…

Toujours est-il que parmi les mesures-phares de la stratégie gouvernementales on retrouverait un investissement de 187 millions de dollars pour accroître l’offre culturelle francophone sur les plateformes numériques de divertissement.

Oui à plus de films et plus de séries en français. Absolument. Promouvoir la littérature francophone et, particulièrement, la québécoise aussi.

Mais j’aurais bien aimé voir dans ce plan de match des mesures pour soutenir les médias d’information qui sont, après tout, des véhicules de promotion de la langue française. Et ça. on l’oublie trop souvent.

Chaque jour, des milliers de journalistes québécois rédigent des articles en français. D’autres préparent des reportages destinés aux ondes des nombreuses stations de radio et de télévision, quand ils ne sont pas en direct en train de commenter l’actualité ou d’en rapporter les plus récents développements.

Quand on travaille dans les médias, notre français doit être irréprochable. Les journalistes ne sont pas parfaits et il leur arrive de commettre des erreurs, mais il n’en demeure pas moins que, chaque jour, des dizaines de milliers de Québécois, pour ne pas dire des centaines de milliers, ou même des millions, sont exposés aux messages transmis par les médias d’information, à l’oral et à l’écrit, en français s’il-vous-plaît!

Les nouvelles d’ici, et surtout les nouvelles en région, ne sont pas systématiquement reprises en anglais. Pour savoir ce qu’il se passe chez nous, nul autre choix que de se renseigner en français.

Les médias d’information sont porteurs de notre culture. Ils sont le reflet des communautés qu’ils desservent. Malheureusement, ce rôle crucial est souvent oublié.

Or, l’industrie des médias périclite depuis plusieurs années déjà, en raison d’une crise de financement qui ne semble pas en voie de s’arrêter. Depuis une décennie, plus d’une centaine de médias ont disparu de l’écosystème médiatique provincial; ceux qui restent ne sont pas pour autant tirés d’affaire.

Vous me voyez venir: assurer la survie des médias d’information au Québec, c’est assurer l’omniprésence de contenus en français en tout temps sur l’espace public, en plus de pérenniser un ciment social essentiel à notre démocratie de proximité. Il suffit de penser au rôle critique joué par les médias francophones en milieu minoritaire ailleurs au Canada: plus que de simples courroies de transmission de l’information, ils sont de véritables outils culturels et sont des acteurs névralgiques pour la survie de la langue de Molière en-dehors de son dernier bastion en Amérique.

Ce ne sont pas les médias à eux seuls qui renverseront le déclin du français, mais il y aurait eu moyen de faire d’une pierre deux coups ici.

Laisser un commentaire