Médias

Réflexions journalistiques sur fond d’air marin

C’est le cœur léger et la tête emplie de bons souvenirs et d’apprentissages que je suis rentrée de Carleton-sur-mer, où a eu lieu le tout premier Festival international de journalisme de l’endroit, de vendredi à dimanche.

Force est d’admettre que pour une première mouture, l’événement a placé la barre haut. Chapeau!

Réunissant à la fois artisans des médias et citoyens avides d’actualité, le tout a donné lieu à d’intéressants échanges et des réflexions pertinentes qui nous font réaliser qu’il est plus nécessaire que jamais de sortir de notre bulle et de maintenir un contact avec ceux pour qui nous œuvrons chaque jour. En voici quelques grandes lignes.

L’importance de retourner sur le terrain après trois ans de pandémie a été relevée plusieurs fois pendant les nombreux ateliers et conférences qui ont ponctué la fin de semaine à laquelle j’ai eu la chance de participer à titre d’animatrice et de journaliste-comédienne (!) dans le cadre de deux représentations de théâtre-documentaire.

Pour Luce Julien, grande patronne de l’information à Radio-Canada, la présence des journalistes sur le terrain est la clé pour regagner la confiance de la population.

Les journalistes spécialisés en affaires internationales Florence Aubenas (Le Monde) et Jean-François Bélanger (Radio-Canada), de même que la chroniqueuse de La Presse, Isabelle Hachey, sont du même avis: être sur place, c’est une façon de vérifier les faits et de s’assurer de leur véracité. Et de pouvoir témoigner d’une histoire parce qu’on y est, ça donne du poids à un reportage.

«Quand je vais ailleurs, mon but, c’est d’aller sur place et d’amener mes lecteurs avec moi. Là où je suis, vous serez. Ce que je vois, vous le verrez», a mentionné Mme Aubenas, grande vedette internationale du journalisme et tête d’affiche du festival.

Assurer une présente suffisante sur place constitue toutefois un défi de plus en plus relevé pour certains médias régionaux, qui font face à une rareté d’effectifs et un large territoire à desservir.

Heureusement, plusieurs médias peuvent compter sur des lecteurs et des citoyens fidèles, qui agissent à titre d’antennes locales et qui les alimentent en informations fraîches.

Il ne faut d’ailleurs pas sous-estimer l’intérêt des citoyens pour les nouvelles locales et ultra-locales, souligne le rédacteur en chef de l’Acadie-Nouvelle, Gaétan Chiasson, citant en exemple un des textes les plus consultés de son média l’an dernier, et qui parlait du nouvel horaire de la collecte des ordures.

Si les technologies et le virage numérique des médias d’information font en sorte que les contenus journalistiques sont accessibles en un clic et en quantité quasiment infinie, l’abandon du papier a pour effet d’affaiblir le lien quotidien qui unissait les lecteurs à leur journal, un lien qu’il faut entretenir, a souligné Éric Trottier, directeur général et éditeur du quotidien Le Soleil, qui a vécu l’expérience il y a une décennie à La Presse.

Son ancien collègue, Jean-François Bégin, qui occupe la fonction de Directeur principal, Information au quotidien du boulevard Saint-Laurent, croit qu’une manière de maintenir cette connexion avec le lectorat est de lui laisser un espace pour s’exprimer sur les divers enjeux d’actualité.

Le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, Michaël Nguyen, estime pour sa part que le rétablissement de la confiance du public envers les médias passe entre autres par des initiatives d’éducation aux médias.

Cette crise de confiance est, sans surprise, en partie attribuable aux réseaux sociaux où abondent des contenus de toutes sortes, vrais ou moins vrais, trompeurs ou mensongers.

Les plus jeunes générations ayant grandi avec cette technologie, ils s’informent beaucoup plus que leurs aînés sur ces plateformes, c’est pourquoi il importe que les médias d’information professionnels y soient tout de même présents.

Les réseaux sociaux, et avant eux les chaînes d’information continue, ont eux aussi contribué à la fatigue informationnelle, l’actuanxiété. Une enquête révèle que de plus en plus de Canadiens – et on se doute, de gens à travers le monde – évitent volontairement de s’informer parce qu’ils n’en peuvent plus des mauvaises nouvelles, entre autres.

La surabondance de l’information et des contenus a eu pour effet d’imposer le fardeau du tri aux lecteurs, une tâche qui incombait précédemment aux journalistes, souligne la coauteure de l’étude, Colette Brin, directrice du Centre d’étude sur les médias et professeure de journalisme à l’Université Laval.

Si vous souhaitez écouter la plupart des échanges, ceux-ci ont été enregistrés et diffusés sur la page Youtube du Festival.

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