C’est arrivé à Mahée Paiement en 2012. C’est maintenant au tour du célébrissime magazine Vogue et de la photographe Annie Leibovitz d’être dans l’eau chaude, après publié des clichés de mannequins aux côtés des héros de l’ouragan Sandy.
Décidément, être glamour n’a pas la cote dans les médias. Ou ne serait-ce pas plutôt l’interprétation proposée de ce qui est glamour qui déplaît?
Vogue a été critiqué pour avoir « dénaturé » la tragédie et ce, avec mauvais goût. Certains ont fait valoir que les secouristes honorés par l’édition du magazine auraient dû être photographiés seuls. D’autres estiment qu’il était trop tôt pour l’exercice puisque des milliers d’Américains ne se sont pas encore remis du désastre.
Pourtant, même si certaines photos étaient légèrement douteuses, particulièrement parce que les mannequins ne semblent pas avoir leur raison d’être sur les clichés, l’idée de rendre hommage aux héros de la tragédie est issue d’une bonne intention. D’ailleurs, Vogue avait déjà fait sa part pour aider à la reconstruction, en tenant un encan en ligne et en faisant don de plus de un million de dollars.
Le réputé média britannique The Guardian défend quant à lui les controversés clichés. En rappelant l’anecdote de cette mannequin brésilienne qui a profité d’un séjour à New York pour se faire photographier devant les décombres et augmenter sa notoriété (en torpillant sa réputation), l’auteur de l’article souligne que les photos du Vogue ont au moins la décence d’inclure des individus qui ont aidé à sauver des vies durant l’ouragan.
Peut-être était-il trop tôt pour publier ce genre d’images. Peut-être que les choses auraient pu être faites autrement.
Rappelons que Vogue est un magazine de mode de renom et qu’il ne traitera pas d’un sujet de la même manière que le Time, tout simplement parce qu’ils n’appartiennent pas au même créneau. On ne parlerait pas de palourde royale de la même façon à Découverte qu’on ne l’a fait à Des Kiwis et des Hommes.
Un créneau s’adresse à un public précis en utilisant un registre et un ton qui sont propres à ce public. Ainsi, même s’il s’agissait d’un thème on-ne-peut-plus sérieux, la publication d’Anna Wintour ne pouvait pas occulter complètement l’aspect mode de la couverture. C’est son essence, c’est ce pourquoi il est devenu un média de référence pour ses lecteurs depuis des années.
La présence des mannequins dans les décombres ou avec ces héros américains ne fera jamais l’unanimité d’un point de vue moral ou artistique. Les goûts, ça ne se discute pas. J’y vois simplement une tentative un peu grossière, mais de bonne foi, d’illustrer la beauté d’une situation (le courage, l’entraide, la solidarité dont ont fait preuve ces personnes) plutôt ignoble au premier coup d’oeil. Avec style assurément!