Un participant d’une téléréalité française filmée au Cambodge est décédé la semaine dernière alors qu’il prenait part à une des épreuves.
Même si le candidat a réussi les tests médicaux nécessaires à la participation à l’émission et que le décès semble accidentel, il y a lieu de s’interroger sur la part de responsabilité du producteur, et par extension, de la chaine qui diffuse ce genre de programmation. Ne demeurent-ils pas responsables de l’intégrité physique de ceux qu’ils mettent sous les projecteurs? Sont-ils allés trop loin en élaborant les épreuves, dans le seul but d’augmenter leurs cotes d’écoute?
Le caractère parfois spectaculaire, parfois inusité de la téléréalité, confond les auditoires. Réalité ou surréalité ? La mise en scène de ladite réalité provoque des événements qui ne se seraient sans doute pas produits autrement. Selon ce texte de la revue Contact de l’Université Laval, il semble que déjà en 2004, on soulevait certains questionnements par rapport au phénomène à l’époque nouveau, mais aujourd’hui On doutait aussi de la véracité et de la pertinence des situations présentées.
Dans ce même article, Marguerite Lavallée amène une nuance très importante :
«Dès le moment où l’on médiatise quelque chose, ce n’est plus la réalité. » Une personne qui se gratte le nez devant une caméra, sachant que son geste peut être jugé, ne le fait pas de la même façon que si elle était en privé. « Si l’on accepte de rendre publique son intimité, cela devient un fait social. Or, un fait social qu’on présente comme privé, c’est un leurre.»
Cela représente un grand paradoxe des médias. Alors que d’un côté du spectre, ils présentent de la fiction assumée; à l’autre extrême, ils cherchent à présenter la réalité, au même titre que les journalistes. Mais cette réalité est mise en scène, et donc, comme l’indique Mme Lavallée, n’est pas représentative de ce qu’elle aspire à démontrer.
L’article de 2004 sur la téléréalité posait la question suivante : ces émissions vont-elles durer ? Neuf ans plus tard, force est d’admettre que oui, et que les propos tenus à l’époque sont encore plus d’actualité que jamais.
Chose certaine, pour maintenir l’intérêt, elles devront aller de plus en plus loin dans ce qu’elles montrent, pense Marguerite Lavallée. «Sinon, les gens vont devenir blasés. Quand les téléspectateurs ont été habitués de voir des images d’enfants mourants en Éthiopie, il a fallu leur dire que les soldats violaient les mères pour ressusciter l’intérêt.»
Pour satisfaire leurs auditoires, les producteurs de téléréalité doivent proposer des concepts de plus en plus extrêmes, c’est connu. Le fait qu’il y ait eu mort d’homme la semaine dernière les fera peut-être réfléchir.