La nouvelle a de quoi surprendre: 86 journalistes de 46 pays différents, dont des journalistes de l’émission Enquête, unissent leurs forces et leur talents dans une vaste enquête mondiale sur les paradis fiscaux.
Quand j’ai su, mon petit cœur de journaliste a tressailli. J’aurais tant voulu en faire partie! (Peut-être dans quelques années, y aura-t-il un tel projet pour moi…!) Il s’agit là sans aucun doute d’une des plus grandes collaborations journalistiques de l’histoire, ce qui n’est pas peu dire.
Just as the rise of information technology has allowed new competition for the attention of audiences, it’s also enabled traditional news organizations to partner in what can sometimes seem like dizzyingly complex relationships. The ICIJ says this is the largest collaborative journalism project they have ever organized, with the most comparable involving a team of 25 cross border journalists.
Comme cet extrait du texte de Caroline O’Donovan l’indique, la technologie a relevé la compétition entre journalistes à un niveau jusqu’alors inégalé. Or, cette même technologie leur a permis, dans le cas de cette enquête, et probablement dans d’autres, de collaborer ensemble pour un projet commun, ce qui n’aurait peut-être pas été possible autrement.
Au-delà de la quantité importante d’informations qui seront révélées de la sorte, et qui n’auraient peut-être jamais été dévoilées sans que ces journalistes ne soient mis en contact, on constate aussi qu’au-dessus de tout, ce qui prime, c’est le désir d’informer.
Que c’est beau.
Souvent, on suppose que les journalistes travaillent en solo, qu’ils sont avares de leurs renseignements de peur de se voir faire voler un scoop. On imagine que la compétition est à ce point féroce que les journalistes des autres médias sont des ennemis jurés à qui il faut arracher.
Sur le terrain, la réalité est toute autre, notamment entre journalistes qui couvrent un même secteur de l’actualité. À force de se côtoyer lors d’assignations similaires, il se développe une certaine camaraderie entre certains compétiteurs. Parfois même de l’entraide. Et puisque les transfuges sont nombreux dans l’univers de l’information, on ne sait jamais qui peut devenir notre collègue, et qui ne le sera plus!
Oui, il faut sortir la nouvelle AVANT la compétition. Oui, il faut la diffuser avec tous les détails dont les autres disposeront, et parfois plus. Il faut aussi être rigoureux et ne pas diffuser des informations non vérifiées sous prétexte d’être plus vite sur la gâchette que l’autre.
Cet exemple démontre que l’union fait la force. Personne n’aura LE scoop, mais tous sortiront gagnants, car leurs médias respectifs auront permis de mettre au jour une pléthore d’informations de grand intérêt.
Comme quoi, il y a encore dans le journalisme des motivations plus grandes que le profit.
Pour conclure, je vous invite à lire le billet d’Alain Gravel sur le sujet, qui explique le déroulement de l’enquête.