Au cours des dernières semaines, j’ai continué à cogiter sur les enjeux discutés lors de la journée de réflexion sur l’avenir des médias tenue à Montréal le mois dernier.
Il en ressortait entre autres que pour survivre, les médias n’avaient d’autre choix que d’effectuer un virage numérique. Certains grands quotidiens canadiens avaient déjà fait le saut, en conservant toutefois leur version papier, comme La Presse, The Gazette ou Le Devoir. Le Toronto Star était pour sa part en voie de leur emboîter le pas.
En raison de leur vaste et rapide pénétration dans les foyers nord-américains, les plateformes mobiles semblent être considérées comme la voie de l’avenir pour se rapprocher des auditoires, plus jeunes, qui délaissent peu à peu les médias traditionnels.
Certains patrons de presse parlaient d’un changement de culture dans la manière de faire et de présenter l’information en raison du mobile, qui révolutionne la consommation de l’information. Il fallait devenir des médias « d’actualité et d’auditoires », qui devront en conséquence produire des contenus faits sur-mesure pour ces auditoires, écrivais-je il y a quelques semaines.
Je déplorais aussi que l’information n’ait pas semblé au coeur des réflexions et échanges tenus au cours de la journée. J’avais trouvé qu’on s’intéressait davantage au contenant qu’au contenu.
La question m’interpelle personnellement étant donné que le passage sur tablette des quotidiens régionaux de Gesca est encore flou à l’heure actuelle.
Et si l’avenir passait davantage par le choix des contenus que par le choix du contenant?
Je m’explique.
Du point de vue des entreprises de presse, le déclin des médias traditionnels se justifie — d’abord et bien entendu — par le coût des supports qu’ils utilisent, le papier en tête de liste. Mais il s’explique aussi par le désintérêt des jeunes auditoires des produits d’information qu’on leur propose actuellement, constat souligné à de maintes reprises au cours de la journée de réflexion.
Mais quand on y pense, il y a bien peu de différences entre un journal papier et sa version numérique sur tablette, si ce n’est qu’il n’est pas nécessaire de bouger un orteil et de payer — dans la plupart des cas — pour obtenir l’édition du jour. Qui plus est, l’option numérique propose des contenus de beaucoup plus interactifs pour le lecteur.
Mais en bout de ligne, il n’en demeure pas moins que dans les deux cas, on offre à son public un tout, un genre de package deal qui regroupe un ensemble de nouvelles proposées, pour ne pas dire imposées.
Pourtant, la tendance actuelle, quand on parle de consommation d’information, semble être de choisir la nouvelle à la pièce. Les internautes ne vont consulter, et surtout partager, que les contenus qui les touchent, et portent peu d’attention aux nouvelles qui ne les concernent pas ou dont la thématique suscite peu leur intérêt.
L’idée d’un paquet prédéfini de contenus n’a donc rien d’incroyablement attirant pour les nouvelles générations de consommateurs d’information, ce que démontre autrement la popularité des agrégateurs de contenu. (on peut comprendre en quoi cela consiste ici.) Par ailleurs, les médias sociaux jouent très bien ce rôle, en supposant que nos amis partagent nos intérêts et donc, que les contenus qu’ils relaient sont susceptibles de nous intéresser aussi.
Certes, l’option mobile permettra aux entreprises de presse — et à leurs annonceurs, ne l’oublions pas! — de rejoindre une nouvelle tranche d’auditoire. Mais cela ne fera pas automatiquement d’eux un public aussi assidu que leurs prédécesseurs.