Une soixantaine de journalistes chinois se sont publiquement opposés à la modification présumée et sans avertissement d’un éditorial réclamant une réforme politique. La nouvelle version du texte louangerait plutôt le Parti Communiste. Compte tenu de la situation en Chine, cette rébellion revêt un caractère encore plus exceptionnel.
Dans une lettre qu’ils cosignent, les journalistes affirment que les médias contribuent à faire rayonner le parti unique et à encourager la propagande. « Si les médias perdent leur crédibilité et leur influence, comment le parti au pouvoir peut-il se faire entendre et convaincre le peuple? » écrivent-ils.
Outre le caractère politique de cette situation, cette condamnation de la censure, camouflée en flatterie démontre toute l’importance de l’indépendance de la presse vis-à-vis les pouvoirs qui, si non respectée, transforme toute communication en propagande.
Il y a là atteinte à deux des rôles fondamentaux des médias, soient de rapporter les actions commises par le pouvoir et la libre circulation des idées, aussi divergentes soient-elles.
Dans le premier cas, les médias agissent à titre de surveillant des autorités législative, exécutive et judiciaire : c’est pourquoi ils sont souvent surnommés le 4e pouvoir, dans une démocratie du moins.
Dans cet état d’esprit, ils aident également à la compréhension des grands enjeux en synthétisant et en vulgarisation l’information. Cette fonction de chien de garde permet le maintien de l’ordre établi ou au contraire, de profonds changements pour en améliorer le fonctionnement.
C’est au peuple de juger du bien-fondé de l’action de ces autorités et pour prendre compte de cette action, il doit souvent se fier à ce qui est rapporté par les journalistes. En étant collés au pouvoir, ces derniers ne deviennent qu’une courroie de transmission et empêchent les citoyens d’avoir en main tous les éléments déterminants et nécessaires pour se faire une idée juste et réfléchie d’une situation.
Le second rôle des médias vise à refléter la diversité d’opinions qui existe dans une société donnée. Ainsi, la parole doit toujours être donnée à différents acteurs qui proposent tout autant de visions sur un sujet donné. Au lecteur de se faire sa propre idée par la suite.
Souvent, les médias (ou les journalistes) sont accusés d’avoir un parti pris dans le traitement de l’information. Cela arrive quand le point de vue exprimé ne concorde pas avec celui de l’accusateur. C’est donc bon signe quand des individus d’opinions opposées remettent la sacro-sainte neutralité d’un même média en question.
Gardons en tête qu’un média qui n’est pas critiqué de temps à autre n’est pas un bon média, car il ne parvient pas à susciter des débats…
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