Un sondage portant sur le bilinguisme au Canada indique sans surprise que les francophones sont plus inquiets de l’avenir de leur langue que les Canadiens anglophones.
Bien qu’une spécialiste explique dans l’article que ce sentiment d’insécurité linguistique date pratiquement de la fondation du pays, on peut s’interroger sur le rôle qu’ont pu jouer les médias de part et d’autre des solitudes pour l’alimenter et sur les perceptions qu’ils entretiennent.
Au Canada anglais, l’offre médiatique, particulièrement télévisuelle, est dominée par le contenu américain alors que nous créons nous-même la majorité des contenus que nous consommons.
De plus, le fait que le CRTC impose des quotas de contenu francophone à certains types de médias, comme la radio, jumelé à la mission de Radio-Canada, vient aussi influencer notre perception de l’état de la langue française. L’encadrement rigide du contenu médiatique produit dans la langue de Molière démontre clairement qu’on cherche à protéger cette dernière, donc qu’on la croit menacée.
Ajoutons à cela l’existence au Québec de plusieurs groupes politiques et apolitiques dont la mission est de préserver le fait français sur notre territoire et même, sur le continent. Ces groupes jouissent d’une visibilité importante dans nos médias, que ce soit par une couverture proprement dite ou par la publication de lettres ouvertes.
De l’autre côté, en plus de partager les contenus de nos voisins du Sud, le Canada anglais, en tant que majorité, ne perçoit pas la situation du même oeil.
Imaginez. Sachant que les francophones constituent une minorité principalement concentrée dans les provinces de l’Est, l’existence d’un pallier francophone de toutes les institutions officielles fédérales, et la quantité de médias francophones dont se sont dotés les Canadiens francophones, peuvent donner l’impression que le français est sur représenté par rapport à la proportion que cette langue occupe réellement au pays.
Le caractère distinct – et les nombreuses revendications culturelles – du Québec, entre autres, entraînent également une surexposition du Canada francophone dans l’agenda politique national, ce qui tend à occulter une fois de plus le portrait de la situation,
Ces deux réalités combinées provoquent donc une distorsion de la réalité et amenuise la dilution lente, mais graduelle, de la langue française dans un environnement qui s’anglicise de plus en plus.
En somme, ce n’est pas tout noir ni tout blanc. On constate cependant que les médias agissent souvent comme des loupes, donnant une ampleur plus grande que nature à des situations qu’ils couvrent, parfois simplement parce que le sujet est une source d’émotions pour les consommateurs d’information.