Je partage avec vous aujourd’hui ce petit billet. L’auteure y va de quelques réflexions en ce qui a trait au double phénomène de l’amélioration des conditions de travail des jeunes journalistes américains et le nombre important de coupures de postes dans les grands médias (toujours aux États-Unis).
Elle s’interroge d’abord sur l’impact que cette réduction du personnel aura sur les contenus.
Le départ de journalistes senior signifie l’évaporation de toute une expérience et un savoir qu’il coûtera peut-être cher de reconstituer. En parallèle, certains sujets pourraient être sous- ou maltraités.
Il va de soi qu’un plus grand nombre de ressources affectés à la couverture de l’actualité permettrait de traiter de plus de sujets et que ces ressources pourraient se consacrer davantage à peaufiner leur travail si leur tâche est allégée.
Cependant, le regroupement de la propriété des médias amène un changement de la manière de couvrir des nouvelles qui peut pallier à cette problématique. En effet, la concentration de la presse permet à des médias appartenant à un même propriétaire de couvrir des affectations qui pourront être reprises à plusieurs endroits. Bref, un journaliste pour le média X pourrait écrire un article qui sera aussi publié dans le média Y puisqu’ils appartiennent tous les deux au même groupe de presse.
Qui plus est, on demande aux journalistes d’être désormais polyvalents et multiplateformes. Il n’est plus rare d’observer des reportages écrits, Web, audiovisuels et numériques autrefois réalisés par plusieurs reporters désormais concoctés par un seul journaliste tenu de décliner sa nouvelle dans tous les formats. En soi, cette hausse de salaire viendrait donc éponger cette augmentation des tâches, si elle était généralisée.
Ici, la situation varie beaucoup d’un média à l’autre, d’un journaliste à l’autre. En effet, les hebdomadaires doivent souvent compter sur des équipes de rédaction très réduites qui se partagent l’ensemble de la couverture médiatique du territoire. Les salaires de base sont souvent un brin plus élevés que dans un quotidien, mais n’augmentent pas de manière aussi significative, surtout en période d’incertitude économique. À l’inverse, les quotidiens offrent une rémunération un peu plus intéressante quand on tient en compte le fait que grâce aux syndicats, le salaire augmente en fonction d’une échelle donnée. Enfin, puisque les magazines font plus souvent recours aux pigistes qu’à des employés réguliers, le tarif au feuillet varie énormément. L’AJIQ se bat d’ailleurs pour dénoncer les prix trop bas offerts par certaines publications.
Ensuite, l’auteure se penche sur l’exode des journalistes. Où vont-ils s’ils ne pratiquent plus leur métier?
Où vont les journalistes après ? Chez des pure players du Net. Kickstarter, un des nouvelles start-up montantes de Silicon Valley, a séduit un ancien du New York Times. Une autre éditrice talentueuse du quotidien rejoint le site d’actualité Buzzfeed. Un autre va renforcer les rangs de ProPublica. Des transferts qui promettent de renforcer les acteurs numériques et donc accentuer la concurrence pour les géants de l’ancien monde…
Le phénomène ne date pourtant pas d’hier. On ne compte plus le nombre de journalistes ayant traversé du côté obscur (!) de la force en devenant de redoutables relationnistes, des agents de communication ou pourquoi pas, n’importe quoi d’autre. L’inverse est aussi vrai, ceci étant dit.
Le réel problème en lien avec la diminution du nombre de postes est surtout la rareté de ceux-ci, et le fait que les programmes de journalisme ne soient pas beaucoup contingentés. Que dire à tous ces finissants, désireux de prendre part à la grande aventure de la presse, qui devront se battre pour obtenir les quelques emplois qu’il reste dans leur domaine? Emplois de plus en plus précaires qui plus est, d’autant plus que la formation n’aborde pas suffisamment les enjeux du journalisme indépendant, du moins à l’époque où je l’ai suivi, il y a quelques années.
Et pourtant, c’est vers cette direction que se dirige la profession…