Le Huffington Post Québec soulève un débat qui a cours sur Twitter depuis quelques jours à propos des révélations parues dans La Presse entourant deux infractions de conduite en état d’ébriété commises par le ministre Pierre Duchesne au début des années 90.
Ce portrait s’est valu des éloges sur Twitter, mais, sans surprise, ces révélations ont aussi entraîné leur lot de questions. La nouvelle est-elle d’intérêt public? Radio-Canada a-t-elle caché l’information? Cet épisode est-il compatible avec un poste de ministre?
Dans un de mes premiers billets, où je me basais étrangement sur les dérapages de son collègue Daniel Breton, j’évoquais la distinction entre vie privée et vie publique, et comment une information qui semble d’abord personnelle peut prendre de l’importance quand elle concerne une personnalité dont les fonctions sont publiques.
C’est du cas par cas. On peut se demander si les écarts passés de M. Duchesne ont une incidence sur son travail de ministre. Probablement pas, d’autant plus que les événements ont eu lieu il y a une vingtaine d’années, alors qu’il ne songeait probablement même pas à la députation. Était-ce nécessaire de le dire? Probablement, car cela aurait peut-être influencé le nombre de votes reçus à l’élection, mais encore plus parce que M. Duchesne est une personnalité publique. La cote de confiance du député vient d’en prendre un coup, certes, mais cela ne constitue pas une preuve irréfutable de son incompétence ministérielle non plus.
Les commentaires recensés sur la page m’interpellent toutefois davantage que le passé de Pierre Duchesne. Beaucoup de personnes prétendent que n’eut été de son parti politique, les médias auraient été beaucoup moins tendres à l’endroit de Pierre Duchesne. Bref, on accuse les journalistes d’être plus cléments avec lui en raison de son allégeance péquiste et qu’un élu d’un autre parti politique aurait été lessivé par les médias.
Dans cette veine, on pourrait même accuser les journalistes d’être doux envers quelqu’un qui a déjà été, rappelons-le, un des leurs. D’ailleurs, le départ de M. Duchesne de son poste de journaliste pour Radio-Canada avait fait beaucoup de bruit, à l’aube des dernières élections provinciales. La couleur partisane qu’il venait de prendre avait pour certains entaché l’objectivité journalistique qu’il se devait d’avoir dans le traitement des affaires politiques?
Cela me rappelle l’exemple du journaliste Michel Jean, qui s’était fait arrêter au volant de sa voiture en état d’ébriété, l’an dernier. L’écart de conduite de l’animateur de J.E. ne fait pas de l’homme un moins bon animateur ni un mauvais reporter, c’est pourquoi il n’a pas perdu son emploi. Sur le sujet, le chroniqueur Richard Therrien avait posé une intéressante question, dont une des réponses apporte une nouvelle piste de réflexion qui s’applique autant à M. Jean qu’à M. Duchesne (et tous les autres): si le délit avait été commis pendant l’exercice de ses fonctions, la situation aurait été totalement différente.