Depuis quelques jours, le Journal de Montréal possède sa propre web radio où on pourra entendre, entre autres, Gilles Proulx, Sophie Durocher, Michel Beaudry et d’autres chroniqueurs du Journal. Pour l’instant, la programmation se limite à une quotidienne sur l’heure du midi, mais un horaire plus vaste pourrait se développer au cours des prochains mois.
Plusieurs raisons justifient ce choix, à commencer avec la possibilité de fournir un complément d’information aux articles publiés dans le Journal, faute d’espace. Il est vrai que l’idée est ingénieuse et qu’elle gagnera à être exploitée à son plein potentiel.
Vu la variété de plateformes sur lesquelles le Journal et les autres produits médiatiques de Quebecor se déploient, la nouvelle n’a pas de quoi étonner. Il faut cependant préciser que si Quebecor n’avait pas possédé (à titre de seul propriétaire) de station de radio traditionnelle jusqu’à présent, c’est qu’on le lui avait interdit.
En effet, si le géant médiatique s’est vu refuser l’achat de quelques stations de radio au début des années 2000, c’est parce qu’on craignait qu’il ne contrôle trop le marché de l’information. En effet, la concentration de la presse (qui inclut tous les types de média d’information), et son dérivé, la propriété croisée, est un phénomène inquiétant, mais qui s’accélère avec les années: de moins en moins d’acteurs se séparent la propriété des médias. Et qui dit propriété d’un média dit ligne éditoriale et possibilité de convergence.
C’est entre autres pour cette raison qu’en 2008, le CRTC a publié une politique réglementaire sur la diversité des voix. J’attire votre attention sur l’article 17 de la politique:
Compte tenu de la tendance aux fusions et de leurs effets non négligeables sur la diversité des voix, il est nécessaire de préserver une pluralité de propriété au sein de l’élément privé pour maximiser la diversité des voix au sein du système canadien de la radiodiffusion.
Or, avec Internet, les limites sont plus floues et peu réglementées. Une web radio est-elle considérée comme une station ou comme un complément à un média, comme un simple site Internet? Il est fort probable que le Journal ait choisi la deuxième option pour justifier son nouveau projet.
Dans tous les cas, gageons que nous serons inondés de promotions pour cette web radio dans les prochaines semaines, que ce soit dans le journal même, à TVA ou à la radio traditionnelle…