C’est une question sur laquelle se penche l’Observatoire des journalistes et de l’information médiatique.
Selon un auteur russe dont il rapporte les propos, une surabondance d’informations rendrait stressé, nerveux et craintif.
Avec leur flot d’informations inutiles et la surenchère émotionnelle qui en est faite, les médias de masse contamineraient notre capacité de réflexion en renforçant nos préjugés et en activant dans notre cerveau des connexions neuronales inutiles. Ils pollueraient notre mémoire et nous empêcheraient au final de nous concentrer sur un livre ou même encore un long article.
En allant directement à la source, soit ce texte signé en avril par le chercheur Rolf Dobelli dans The Guardian, on apprend que l’auteur compare les nouvelles médiatiques au junk food, responsable des épidémies d’obésité et de diabète. Dans ces deux cas, explique-t-il, une fois qu’on a réalisé les dégâts que ceux-ci faisaient sur notre corps, nous avons commencé à en consommer moins et à prôner de meilleures habitudes de vie.
But most of us do not yet understand that news is to the mind what sugar is to the body. News is easy to digest. The media feeds us small bites of trivial matter, tidbits that don’t really concern our lives and don’t require thinking. That’s why we experience almost no saturation. Unlike reading books and long magazine articles (which require thinking), we can swallow limitless quantities of news flashes, which are bright-coloured candies for the mind. Today, we have reached the same point in relation to information that we faced 20 years ago in regard to food. We are beginning to recognise how toxic news can be. (Traduction libre: Les médias nous alimentent en bribes d’information qui ne nous concernent pas vraiment et qui ne nécessitent pas un grand effort intellectuel, c’est pourquoi nous ne nous sentons pas saturés. Nous pouvons donc ingérer des quantités infinies de courtes nouvelles, tels les bonbons colorés de l’esprit qu’ils sont.)
L’idée selon laquelle les médias ne présentent que des contenus dénués de toute profondeur est un beau sophisme. Qu’en est-il des enquêtes? Des dossiers de fond?
Les nouvelles servent d’abord à informer les gens, mais ne remplacent pas la capacité de ceux-ci à interpréter les faits et à les analyser eux-mêmes, à en prendre et à en laisser, contrairement à la prétention du chercheur selon laquelle les médias servent du prémâché.
Se priver de nouvelles, refuser l’information: n’est-ce pas là courir vers un abrutissement collectif à travers un aveuglement volontaire?
La perception de vivre dans un monde où tout va mal créé un stress, j’en conviens, qui peut avoir des effets nocifs sur la santé mentale et physique, mais jusqu’à quel point? Faut-il fermer les yeux sur tout ce qui cloche, sous prétexte de préserver son innocence et sa candeur? Ce serait laisser le champ libre aux auteurs des actes que cherchent à dénoncer les médias.
Par ailleurs, M. Dobelli juge que la très grande majorité des nouvelles sont inutiles, car elles ne nous permettent pas de prendre des décisions éclairées sur comment vivre notre vie. Il serait donc inutile d’en consommer. Voilà une opinion extrêmement nombriliste. Certes, beaucoup de nouvelles ne concernent pas les auditoires, mais en faisant le choix de vivre dans une société, et n’ayant pas le choix d’appartenir à l’humanité, ne devrait-on pas être sensibilisé à ce qui préoccupe autrui?
Dobelli indique également que la lecture de nouvelles stimule le cortisol, une substance nuisible à notre santé. Là-dessus, je ne peux me prononcer, n’étant pas une scientifique.
Enfin, l’auteur croit que la lecture de nouvelles nuit au processus cognitif humain car celui qui en consommera les interprétera toujours selon ce qui conforte ses opinions existantes et que les journalistes auraient la tendance à tout lier par cause ou par effet, alors que parfois, la logique est inexistante.
Les nouvelles nuiraient aussi à la mémoire et à la concentration, en plus de créer une dépendance (on veut connaître les développements d’une histoire) et de constituer une perte de temps.
I have now gone without news for four years, so I can see, feel and report the effects of this freedom first-hand: less disruption, less anxiety, deeper thinking, more time, more insights. It’s not easy, but it’s worth it.
Je trouve quand même ironique que l’auteur, en critiquant les nombreux liens de causes à effet effectués par les journalistes, qui simplifieraient trop la situation et prendraient des raccourcis, attribue son meilleur état mental au simple fait qu’il ne consulte plus les nouvelles. Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais?