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Quelques secrets de la pige

J’ai assisté hier soir à une soirée de réseautage dédiée à la pige et organisée par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec. Plusieurs cadres de différents magazines québécois étaient présents à titre d’invités conférenciers. Et bien que la majorité des personnes sur place étaient des étudiants ou de jeunes journalistes curieux, les conseils qu’ils ont prodigué peuvent être tout aussi utiles aux plus vieux loups…

La première chose à savoir si on veut faire de la pige pour un magazine est que les rédacteurs en chef sont occupés. Il ne faut donc pas abuser de leur temps. La meilleure manière d’attirer leur attention (et des contrats)? Un bref synopsis, court et punché qui leur donnera immédiatement envie de lire la suite.

Ce synopsis décrit brièvement le sujet, mais surtout l’angle à aborder, en plus d’expliquer pourquoi il faut en parler maintenant. Mais surtout, ce synopsis doit être envoyé à la bonne personne, donc celle qui dirige la section à laquelle vous voulez collaborer. D’où l’importance de bien connaître le média, « car chaque publication est un environnement unique », note Kenza Bennis, du magazine Elle Québec.

Même conseil de son collègue Jean-François Légaré, au magazine Clin d’Oeil. « Lisez le magazine, et sachez ce qui a déjà été fait », dit-il, ce qui a suscité l’approbation de tous les invités. Ils s’attendent en effet à ce qu’un éventuel collaborateur s’intéresse et soit déjà imprégné de la facture unique de leur publication; ils oublient vite ceux qui lancent des sujets généraux à tous vents.

Malgré tout, ces cadres reconnaissent que bien souvent, tous les sujets ont déjà été abordés, c’est pourquoi il faut trouver un angle inédit, mais qui doit néanmoins s’harmoniser avec le ton du magazine. « Demandez-vous ce qui est importante et intéressant pour nos lecteurs », mentionne Julie Gobeil, de Protégez-vous.

Pierre Sormany a aussi rappelé ce qui distingue l’écriture magazine des autres médias écrits plus traditionnels. « On veut s’imprégner de l’atmosphère. Écrivez pour les sens. »

L’autre élément qui ressort de cet événement est le fait que les rédacteurs en chef de magazine semblent frileux à l’idée de collaborer avec des pigistes qu’ils ne connaissent pas. Certes, ils ont sans cesse besoin de nouvelles plumes, mais ils sont craintifs à l’idée de voir ce qui s’annonçait comme un reportage des plus intéressants ne jamais aboutir, ou pire, être en-deçà de leurs attentes.

Alors, plus souvent qu’autrement, ils confieront à de nouveaux pigistes des mandats plus petits et plus courts que ceux qu’ils espéraient faire dès le départ, histoire de voir s’ils ont le talent nécessaire pour poursuivre vers des projets plus ambitieux. « C’est généralement très révélateur », explique Daniel Chrétien, chef de rubrique à L’Actualité.

Et gare à ceux qui ne passeraient pas le test, car il est bien difficile d’avoir une deuxième chance si nos premiers essais sont truffés d’erreurs ou si la rigueur n’a pas été au rendez-vous.

Les autres s’exposeront au long et douloureux processus de la réécriture. « Il faut laisser son égo de côté, car nous, on connaît le ton du magazine et pas nécessairement le pigiste », indique Mme Gobeil.

Et il est faux de croire qu’en refusant un reportage une fois, faute de temps ou d’intérêt, que le téléphone ne sonnera plus. Tous ont indiqué ne pas hésiter à recourir aux services d’un bon pigiste, même si celui-ci n’est pas systématiquement disponible.

Et au fond, ce qui compte, c’est de savoir se vendre et de fournir un produit à la hauteur des attentes vendues, si je puis me permettre l’expression. Si le travail satisfait ces directeurs, la porte est ouverte à une longue et heureuse collaboration qui, le rappelle M. Légaré, est une relation entre un pigiste et son client, le média.

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