Dans la courante édition du Trente, magazine publié par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, je signe un texte sur la couverture journalistique de Québec solidaire durant la dernière campagne électorale, ou plus précisément sur le choix de ne pas avoir envoyé de journaliste à plein temps à bord de « La caravane de l’amour », comme les médias l’ont fait pour les autobus de campagne des trois grands partis.
Le résultat est fort intéressant puisqu’il nous permet de comprendre de quelle manière les médias traitent la campagne électorale. Outre l’aspect financier qui entre indubitablement en ligne de compte, on apprend entre autres que le pourcentage des votes au dernier scrutin, le pointage en intentions de vote, le nombre de députés sortants de même que le nombre de sièges qu’un parti peut potentiellement remporter influence la couverture médiatique de celui-ci.
Il y a en effet une considération démocratique qui favorise les partis qui représentent le pouvoir ou l’alternative au pouvoir. Plusieurs directeurs de l’information des grands médias nationaux abondaient en ce sens. On ne peut accorder la même attention à un parti susceptible de former le gouvernement qu’à un autre qui ne récolte que quelques points de pourcentage.
Mais comme une roue qui tourne, cette logique a-t-elle pour résultat de condamner les plus petits partis à la marginalité, justifiant à nouveau le choix des médias de les ignorer? C’est ce que croient certains organisateurs du parti, tout comme des journalistes qui ont couvert la campagne électorale de QS. Selon eux, comme le parti gagne des appuis à chaque élection, il faut lui donner plus de visibilité. Pourquoi ne pas accorder la même couverture à deux partis qui comptent tout autant de candidats? Et qui sommes-nous, médias, pour dicter au public quel parti mérite davantage d’attention que les autres? demandent-ils.
J’ai demandé au Conseil de Presse du Québec de trancher. Celui-ci indique que les médias doivent respecter l’équilibre présent du système politique et des rapports de force entre les différents partis.
Pour en savoir plus, rendez-vous dans les pages du Trente.
Une fois traité, le sujet amène un autre lot d’interrogations. Comment accomplir la couverture politique en faisant des choix, car on ne peut tout faire, sans mettre en péril l’équilibre des forces en présence?
Puisque leur rôle est d’offrir une couverture aux partis qui soit proportionnelle à leur représentativité, les médias encouragent-ils les débats ou contribuent-ils à maintenir le statu quo politique? Cela signifie-t-il de refuser des invitations sous prétexte que le parti ne doit pas être plus représenté qu’un autre plus populaire dans les intentions de vote?
En s’invitant dans la campagne et en choisissant de couvrir certaines occurrences plutôt que d’autres, les médias risquent de tomber dans deux pièges. Le premier est le celui de ne devenir que des outils de propagande et le second, celui d’influencer la suite de la campagne, alors qu’ils devraient plutôt n’en être que des témoins.
Dans cette situation, force est d’admettre que les médias méritent bien leur surnom du « quatrième pouvoir ».
Très bon texte dans le Trente dont je vous recommande la lecture.
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