Fonction média, Information, Médias

Mémoire collective

Ces jours-ci, et probablement pour encore quelque temps, les médias traitent abondamment du premier anniversaire de la tragédie de Lac-Mégantic. Moi-même je n’ai pu y échapper, en préparant un dossier sur ce qu’il reste de la Montreal, Maine & Atlantic dans la municipalité de Farnham pour La Voix de l’Est.

Évidemment, vu l’ampleur du drame, à peu près tout le monde, au Québec du moins, sait ce qui s’est produit dans la nuit du 5 au 6 juillet 2013, et l’événement est encore trop frais à nos mémoires pour l’avoir oublié.

Quel est le rôle des médias dans ce cas? Ne nous avaient-ils pas déjà trop inondés de reportages à ce sujet? Comme il s’agit d’un des plus tristes événements à être survenu au Québec ces dernières années, nous voilà torturés entre le désir de mettre l’incident derrière nous pour entamer un deuil et le besoin de ne pas oublier, pour qu’un aussi terrible drame ne se reproduise plus.

D’abord, c’est l’été. Comme beaucoup sont en vacances, les nouvelles se font plus rares. Mais cela n’explique pas le traitement similaire qu’ont réservé les médias à d’autres événements, comme le 11 septembre 2011 et à la fusillade de l’école Polytechnique, entre autres exemples d’envergure.

Un peu comme les rétrospectives de fin d’année, qui sont pratiquement des incontournables dans les grands médias généralistes, l’anniversaire d’un événement marquant est une manière d’apporter du contenu, qui peut être exclusif ou non, qui se prépare d’avance et qui enlève un peu de poids sur les épaules des salles de presse, toujours en quête de sujets inédits.

Une rétrospective, c’est l’occasion de faire du neuf avec du vieux. Les dates anniversaires permettent de présenter une situation passée sous un tout nouvel angle, en y introduisant des interlocuteurs nouveaux, qui ont un point de vue différent et qui apportent une lumière unique à ce qu’on sait déjà. Elle permet aussi de remettre tout en contexte avec un peu de recul, en ajoutant parfois des informations qui étaient inconnues au moment de l’événement et qui permettent de le comprendre autrement.

En outre, on peut aussi y arrimer des éléments nouveaux et se servir de l’événement comme d’un prétexte pour traiter d’un nouveau sujet. On s’en tient au devoir de suite en dressant un bilan de la situation maintenant par rapport au moment où est survenue l’occurrence, en prenant le pouls des personnes impliquées à l’époque ou d’autres qui ont subi des dommages collatéraux.

Et en bon père de famille, moralisateur, ils nous rappellent les leçons à tirer de l’événement, ou celles qu’on aurait dû tirer. Les journalistes nous font le rapport de ce qui a changé ou pas depuis, de ce qui fonctionne mieux ou moins bien. Un changement tant bien que le statu quo deviennent, à ce moment là, nouvelles.

Bref, en faisant des rétrospectives, les médias proposent une analyse de la nouvelle, moins axée sur l’action, mais reposant davantage sur des faits et sur une réflexion approfondie.

Mais surtout, il s’agit d’un sujet très humain, qui ne laisse personne indifférent. Dans ces cas-là, les gens veulent toujours en savoir plus, ils cherchent à comprendre c qui s’est passé. Il revient aux médias de leur en donner, mais les journalistes doivent aussi savoir quand trop, c’est trop.

L’intérêt du public ne justifiera jamais qu’on outrepasse la mince limite du respect de la vie privée d’autrui.

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