Fonction média, Information, Journalisme, Médias, Relations publiques

Dans un monde idéal…

Il y a quelques jours, je discutais avec un ami journaliste (qui se reconnaîtra et que je salue)  de la décision de Radio-Canada/CBC d’interdire à ses journalistes toute activité rémunérée extérieure à leur emploi.

Cette mesure survient peu de temps après qu’un scandale eut éclaté à la société d’État. Il fut révélé que la réputée journaliste Amanda Lang se serait placée, à plusieurs reprises et en plusieurs circonstances, en conflit d’intérêt. La reporter économique a en effet encaissé de généreux cachets pour prononcer des allocutions pour le compte d’entreprises financières qu’elle était également emmenée à couvrir pour CBC, en plus d’entretenir une relation amoureuse avec un membre du conseil d’administration de la Banque Royale du Canada (RBC). Ce faisant, on reproche aussi à Mme Lang  d’avoir outrepassé son devoir de réserve en tentant d’empêcher la diffusion d’un reportage qui aurait pu faire mal à la RBC.

C’est ainsi que pour éviter qu’une situation similaire ne se reproduise et n’éclabousse une fois de plus son image, la société d’État a tranché qu’il valait mieux que ses journalistes ne vaquent pas à d’autres occupations lucratives dans leurs temps libres.

Chez Global, le chef d’antenne Leslie Roberts a dû démissionner, à peine quelques jours après la controverse qui a éclaboussé CBC. Il a en effet été révélé que le journaliste était propriétaire d’une firme de relations publiques et utilisé son temps d’antenne pour interroger ses propres clients. Une nouvelle qui, même si elle ne la concerne pas, vient donner raison à CBC/Radio-Canada.

La décision de CBC/SRC  est logique, car les journalistes se doivent de conserver leur impartialité et une rémunération entraîne une relation d’intérêts entre celui qui paie et celui qui est payé.

Mais cela vaut-il pour tous les journalistes? m’a demandé mon ami, qui travaille pour un média local et qui peine à joindre les deux bouts avec le maigre salaire que son organisation peine à lui offrir. La situation de mon ami est fréquente, surtout en région, dans les hebdomadaires ou dans les médias communautaires, qui disposent de peu de ressources pour mener à bien leur travail. La situation affecte aussi les pigistes, qui jonglent ici et là avec leurs contrats.

Contrairement aux grandes entreprises de presse, où les employés sont généralement syndiqués et disposent de conditions de travail suffisamment satisfaisantes pour qu’ils n’aient pas besoin d’arrondir les fins de mois, les journalistes en situation précaire sont parfois contraints d’accepter des contrats de publireportage ou des mandats les amenant à se compromettre un peu plus qu’ils ne le souhaiteraient. Mais ce léger accroc à une éthique irréprochable est parfois ce qui leur permet de garder la tête hors de l’eau.

Que faire alors? Ces individus sont-ils de moins bons journalistes? Sont-ils nécessairement en conflit d’intérêts parce qu’ils ont un sideline?

Pas nécessairement. C’est là que le jugement de chacun entre en ligne de compte.

Si ses activités extérieures ne sont pas en contradiction avec le champ d’action du journaliste, il est possible de concilier ces activités. La FPJQ, par exemple, est très claire sur ce fait dans ses règlements. En revanche, le journaliste doit être transparent et s’abstenir de couvrir tout fait d’actualité en lien avec son autre occupation.

Si les à-cotés de ces journalistes ne compromet pas leur travail principal, qu’ils ne couvrent pas les activités des autres organisations qui les emploient et qu’ils se font un point d’honneur de travailler en des vases bien clos, mais aussi en totale transparence auprès du ou des médias qui les embauchent, il est possible de tirer son épingle du jeu.

Dans un monde idéal, tous les journalistes seraient assez bien rémunérés pour ne rien faire d’autre. Malheureusement, seule une poignée ont cette chance, et les autres font ce qu’ils peuvent pour manger. Après tout, nous sommes des passionnés.

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