Aujourd’hui, Luz, l’un des caricaturistes survivants de Charlie Hebdo, a annoncé qu’il ne dessinerait plus Mahomet.
Une déclaration qui peut sembler étonnante, puisqu’au fil des années, les représentations du prophète et le magazine ont été liés au point d’être quasi indissociables aux yeux de plusieurs.
En effet, les caricatures du prophète ont semé la controverse un peu partout dans le monde. Elles ont été à l’origine de diverses attaques à l’endroit du journal, dont l’apogée est l’attentat meurtrier qui a fait une douzaine de morts.
Dès la parution suivante, Luz a récidivé en dessinant Mahomet, coiffé du titre « Tout est pardonné ». Une illustration qui avait encore suscité l’ire de certains, qui accusaient alors le média de provocation.
Pour d’autres, c’était là la démonstration ultime de la liberté de presse et de la liberté d’expression. Un symbole si fort qu’en geste de solidarité, des médias du monde entier avaient reproduit les caricatures au lendemain du drame.
Plusieurs questions me sont venues en tête quand j’ai pris connaissance de la décision de Luz. Est-ce parce qu’il ne veut plus provoquer, ou plutôt parce qu’il ne veut plus être accusé de provoquer, qu’il cessera de caricaturer Mahomet? Est-ce que de cesser de défier ses détracteurs signifie automatiquement qu’il baisse les bras?
Au contraire, confie-t-il en entrevue. Il ne faut pas se laisser gagner par la peur, car ce seront les terroristes qui l’emporteraient, croit le caricaturiste.
Le principal intéressé justifie son choix par le simple fait qu’il s’est lassé du « personnage ».
À mes yeux, ça fait du sens. En choisissant de passer à autre chose, Luz ne plie pas devant les menaces. Il n’abandonne pas son combat en faveur la liberté d’expression, bien au contraire.
Il se donne le droit de s’attarder sur les contenus qui l’intéressent, et ne veut pas se contraindre à dessiner Mahomet encore et encore. Car pour lui, le prophète n’est pas la seule incarnation de sa liberté d’expression.
Parce qu’il sait qu’il a fait le tour du jardin, je lève mon chapeau à Luz.