En France*, une place importante est réservée à l’éducation aux médias et à l’information (EMI) au grand public, plus particulièrement aux étudiants et écoliers. L’EMI fait d’ailleurs partie des exigences du ministère de l’Éducation là-bas.
Comme je l’écrivais plus tôt cette semaine sur ce blogue, le ministère de la Culture finance des résidences en milieu scolaire pour des journalistes qui peuvent ainsi éduquer les plus jeunes au rôle des médias, à la création de l’information et surtout, à l’interprétation de celles-ci. La plupart des grands médias ont aussi un journaliste qui, presque à temps plein, est responsable du volet éducation médias dans sa communauté.
Selon Amel Cogard, directrice du numérique Jeunesse et Éducation à France Télévisions, cette initiative est exigeante pour les médias, certes, mais elle permet d’intéresser une génération qui consomme beaucoup de contenus sur écrans à une information de qualité et d’assurer, en quelque sorte, la pérennité du journalisme local. « Notre mission est de proposer des ressources sur mesure aux 3-18 ans, des ressources qui correspondent à leurs besoins et à leurs habitudes de consommation des médias, en leur permettant d’avoir un regardé distancé par rapport aux images qu’ils regardent et ainsi de pouvoir décrypter l’actualité tout en distinguant le vrai du faux, l’information du divertissement. »
Louise Bartlett, journaliste pour MédiaÉducation.FR, est pour sa part venue présenter le portail d’outils destinés tant aux enseignants qu’aux journalistes. Celui-ci regroupe plusieurs documents, un blogue collectif, une carte recensant les journalistes faisant de l’EMI, etc.
Il y a d’ailleurs depuis plusieurs années une Semaine d’éducation à la presse dans les écoles françaises. Or, l’EMI a longtemps été boudée par les institutions scolaires du pays. Bien qu’il faille commencer très tôt à sensibiliser les jeunes à l’importance des médias d’information, les enseignants qui utilisaient la presse pour leurs cours magistraux, avant 1976, étaient passibles de sanctions disciplinaires puisque cela était perçu comme de l’endoctrinement politique, nous a appris Isabelle Martin, coordonnatrice CLEMI de l’Académie de Bordeaux.
L’accent sur l’EMI a été renforcée à la suite des attentats du Charlie Hebdo, et des médias traditionnels, s’est élargie aux médias sociaux, au journalisme citoyen et aux différentes plateformes numériques. « Il y a eu une prise de conscience à ce moment-là, et ça nous a amenés à élargir la question des médias, parce qu’aujourd’hui, tout le monde est un média. On est confrontés sans cesse à une tonne d’information », a souligné Mme Cogard.
De telles initiatives seraient essentielles au Québec. On constate chez nous, comme ailleurs, que les jeunes peinent à distinguer les vrais contenus des canulars, qu’ils n’arrivent pas tous à hiérarchiser la valeur des contenus selon le sérieux de la source. Surtout, ils ne s’informent pas de la même manière que leurs parents qui eux, ne s’informent pas comme la génération précédente.
Et si la survie des médias passait par une (re)découverte de ceux-ci par les futurs auditoires?
* Ce voyage a été réalisé grâce à une aide financière de Les Offices jeunesse internationaux du Québec.