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Discuter journalisme outre-mer

Ce matin, la délégation québécoise envoyée aux Assises du journalisme de Tours* est allée à la rencontre d’enseignants affiliés à l’École publique de journalisme de Tours (EPJT). Une cent aine d’étudiants fréquentent l’endroit chaque année. Au bout de trois ans, ils y obtiennent l’équivalent français d’un baccalauréat. À la rentrée 2018, on y offrira également un programme de maîtrise.

Nous avons également pu échanger avec une délégation d’étudiants en journalisme de l’Université de Galatasaray, située à Istanbul, en Turquie. Ceux-ci étaient sur place dans le cadre d’un échange entre les deux institutions.

Au fil des discussions, qui ont eu lieu autour de quelques viennoiseries et de café français, plusieurs parallèles, mais aussi quelques différences dans la pratique du métier dans ces trois pays.

D’abord, la formation. Si au Canada, et particulièrement au Québec, il n’est pas obligatoire d’étudier en journalisme pour exercer le métier, il semble y aller tout autrement en France, où 14 écoles telles l’EPJT, sont officiellement reconnues la profession journalistique, via la Convention collective nationale de travail des journalistes. Celle-ci se fonde sur plusieurs critères, dont la durée de la formation, le type de formation, le fait d’investir pour offrir aux étudiants des conditions techniques similaires au marché du travail et le taux de placement des cohortes pour « reconnaître » un établissement d’enseignement. Cela dit, même si un journaliste peut obtenir son diplôme autrement, il multiplie ses chances d’obtenir un emploi mieux rémunéré s’il est formé dans ces écoles.

En Turquie, rares sont ceux qui choisissent l’avenue du journalisme. D’ailleurs, la délégation turque aurait pu atterrir en France beaucoup plus tôt, mais en général, à peine un ou deux étudiants sont inscrits à Galasataray dans cette discipline. Cette année, six personnes sont inscrits au programme, un record.

La relève n’est pas nombreuse en raison des conditions de pratique du journalisme. Selon ce qu’on a pu apprendre, pas moins de 10 000 journalistes sont au chômage dans ce pays entouré des mers Noire et Méditerranée. Ceux qui travaillent touchent parfois un salaire équivalent au salaire minimum. Qui plus est, environ 150 autres sont emprisonnés pour des raisons politiques ou parce qu’ils ont osé traiter de sujets qui dérangent.

De ce fait, on constate que la liberté de presse est bien fragile, même dans nos démocraties où un recul est observable.

Ici comme ailleurs,  journalistes et entreprises de presse font aussi face à des défis similaires: difficulté à entrer sur le marché du travail, conditions de plus en plus précaire,disparition des emplois, pressions commerciales, rémunération en « visibilité », vampirisation des revenus des médias par Facebook, Google et compagnie. La liste est longue.

On note aussi la place de plus en plus importante qu’occupe le fact-checking dans l’espace médiatique. Plus que de simples producteurs d’information, les journalistes doivent aussi contredire ou corroborer les contenus produits par autrui.

Heureusement, l’élément de base demeure: un viscéral désir d’informer et de contribuer à nos démocraties respectives.

De nos discussions, j’ai retenu deux initiatives intéressantes en France. Le ministère de la Culture finance des résidences en milieu scolaire pour des journalistes qui peuvent ainsi éduquer les plus jeunes au rôle des médias, à la création de l’information et surtout, à l’interprétation de celles-ci.

Ensuite, les Français ont ce qu’ils appellent une « taxe d’apprentissage ». En vertu de ce concept, les entreprises, incluant les entreprises de presse, versent une contribution qui sert à financer la formation des employés de leur industrie, ce qui permet à cette formation d’être sans cesse mise à jour et donc, de répondre plus adéquatement aux besoins de ceux qui la financent.

De telles mesures pourraient aisément être réalisées ici, au Québec.

* Ce voyage a été réalisé grâce à une aide financière de Les Offices jeunesse internationaux du Québec.

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