Les médias ne sont pas parfaits. Ils peuvent parfois commettre des erreurs, qui ont parfois de lourdes conséquences.
La confusion qui règne autour de l’identité du tueur de Newtown au Connecticut démontre un genre d’erreur qu’entraîne parfois la course au scoop et qui a d’importantes répercussions.
Le jeune homme a priori identifié par les médias comme l’auteur de ce crime innommable causant la mort de 26 personnes n’était pas responsable de la fusillade; le véritable tireur (il s’agirait du jeune frère du premier individu) se serait suicidé après le massacre.
Les conséquences d’une identification erronée dans ce genre de situation sont catastrophiques pour l’individu visé (stigmatisé), tant sur les plans personnel et professionnel. Non seulement cette personne a perdu deux membres de sa famille dans un drame inimaginable, le tireur ayant également tué sa mère avant de se rendre à l’école, mais il a aussi été la cible de menaces et le destinataire de messages haineux sur les médias sociaux, puisqu’une fois son identité révélée à la télévision et sur Internet, sa photo s’est mise à circuler un peu partout.
Ce billet de Nathalie Collard résume bien l’état de la situation.
Le problème, c’est que la plupart de ces informations – le nom du frère du tueur par exemple, provenaient non pas de Twitter ou de Facebook, mais bien des médias traditionnels comme CNN ou CBS.
Même en corrigeant le tir (sans mauvais jeu de mots), les médias ne pourront réparer entièrement le tort qu’ils ont fait.
La grande différence entre les médias dits « institutionnels » (une entreprise de presse) et le journalisme citoyen, c’est d’abord et avant tout que les premiers ne peuvent se permettre de diffuser des informations qui ne sont pas vérifiées.
Dans le cas qui nous intéresse, la faute leur revient donc entièrement; si l’information erronée s’est propagée sur les médias sociaux, c’est que le grand public tient pour acquis que ce qui leur est présenté par les grands médias est exact et véridique.
La crédibilité des médias est leur carte de visite: c’est ce qui fait en sorte qu’ils sont respectés et consommés par le grand public. Des erreurs provoquent immanquablement une crise de confiance envers les médias, et chaque fois il leur est difficile de rétablir leur statut. Dans ce cas, mieux vaut alors prévenir que guérir, soit en diffusant l’information confirmée un peu plus tard ou en n’identifiant pas formellement l’individu tout de suite. D’où l’importance de toujours vérifier ses sources…
2 réflexions au sujet de “Un danger de l’instantanéité de l’information”