Jean-Martin Aussant, le chef et fondateur du parti Option Nationale, est le tout nouveau blogueur associé au Journal de Montréal. Il se joint donc à la liste importantes de politiciens devenus chroniqueurs à titre d’experts, notamment Gilles Duceppe, Mario Dumont, Marie Grégoire, Liza Frulla, Jean-Pierre Charbonneau (le fameux club des Ex!) et plusieurs autres.
J’ai posé la question récemment : quelle place les élus devraient-ils occuper dans les médias? Dans le premier volet de ma réflexion à ce sujet, je vous ai entretenu des avantages des médias sociaux pour s’absoudre du filtre journalistique des médias traditionnels.
Maintenant, je voudrais m’attarder à la place qu’occupent les élus dans les médias traditionnels, non pas à titre de source, mais à titre d’intervenants actifs. L’exemple de M. Aussant vient donner le ton à cette réflexion, qui tombe à point. Évidemment, M. Aussant n’a pas été élu lors des dernières élections; je préciserai donc ici ma question: les politiciens actifs peuvent-ils avoir leur propre tribune dans les médias traditinnels?
Le facteur de qualité d’un journaliste, et d’un média, c’est leur objectivité. En accordant une tribune à un élu en poste, il importe que ce temps d’antenne, ou cet espace, doit être identifié comme tel et le média doit se dissocier des propos qui y sont tenus, en particulier si le média dispose d’une salle de nouvelles qui pourrait être amenée à couvrir l’actualité politique.
Rappelons-le, à la base, le rôle des médias d’information est d’assurer la surveillance du système en place, de rapporter les développements et toute information d’intérêt public. « Le chien de garde » de la démocratie, comme le veut l’expression.
J’exclus donc de cette catégorie le fameux « Club des ex », où beaucoup de chroniqueurs ont fait le saut dans les médias après leur départ de la vie politique. Ces hommes et femmes sont réputés pour promouvoir une certaine idéologie; ils ont bâti leur carrière sur des valeurs et des idéaux qu’ils ont férocement défendus. C’est pourquoi leur présence en tant que commentateur dans les médias est une valeur ajoutée, puisqu’ils apportent un éclairage nouveau et étoffé sur la situation politique actuelle. Qui plus est, ils jouissent d’une importante notoriété et d’une solide crédibilité au sein de la population, un apport intéressant pour un média puisque ces caractéristiques rejaillissent sur lui.
Ce qui distingue M. Aussant des autres politiciens que j’ai mentionné en début de texte, c’est que, contrairement à ceux-ci, l’homme est encore actif en politique. D’ailleurs, l’annonce survient à peine deux jours après la fin du congrès provincial d’Option nationale, où les membres du parti ont choisi de verser un salaire à leur chef et où la plateforme du parti a été débattue. L’homme demeure cependant une excellente prise pour le Journal, qui compte sous son aile de grosses pointures.
Dans un souci d’impartialité, il faudrait donc qu’un temps d’antenne ou un espace équivalent soit offert à toute autre formation politique qui le désire. Formation politique officielle, dois-je préciser, sinon n’importe qui pourrait user de ce prétexte pour obtenir de la visibilité gratuite… Généralement, cette condition est respectée par les médias, qui ne voudraient pas se faire étiqueter comme partisans et biaisés…
Il est néanmoins évident que l’apport de celui-ci au Journal en enrichira le contenu, lui offrant en retour une part de visibilité nécessaire à son parti. C’est gagnant-gagnant.
Vous posez la question sous l’angle des médias «privés». À la base, vous mélangez les intérêts privés avec le droit à l’information politique par des élus. Les deux ont des missions bien différentes et inconciliables, quand l’un est embauché par l’autre. La problématique devrait être discutée dans le cadre d’un média publique neutre qui laissera une place égale à tous les partis politiques sans exception!
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