communication, Journalisme, Relations publiques

Mégantic: quitte ou double pour la MMA

Dans les derniers jours, le Québec vit au rythme de Lac-Mégantic, après qu’un déraillement de train ait tourné à la tragédie.

La municipalité de 6000 âmes a tôt fait d’être assaillie par des hordes de journalistes et d’enquêteurs, venus faire la lumière sur l’accident qui a – officiellement – coûté la vie à 5 personnes actuellement. D’autres décès sont à annoncer, on s’en doute.

Malheureusement, la compagnie ferroviaire en cause, la Montreal Maine & Atlantic Railway, a raté son opération de relations publiques jusqu’à présent, empirant de beaucoup sa situation, elle qui se trouve déjà crise (et dans l’eau chaude). On n’en doute pas, dans les bureaux de l’entreprise, c’est le branle-bas de combat.

Devant l’ampleur du drame et sa proximité, tous les angles imaginables sont couverts par les journalistes, qui reprochaient à la MMA de ne pas s’être manifestée immédiatement après le drame.

Pour bien des gens, quand on se cache, c’est qu’on a quelque chose à se reprocher ou qu’on a peur. De quoi entacher sa réputation en tant qu’entreprise œuvrant dans un milieu où la sécurité est primordiale.

Pour citer Stéphane Laporte:

Et où est le responsable de cette catastrophe ? Pas là.

Le vice-président de Montreal Maine & Atlantic Railway a juste parlé deux minutes pour dire qu’il n’y avait pas de conducteur lors de l’incident. Comme si ça le déculpabilisait. Tellement, le contraire.

Allô! Lâchez le téléphone et venez sur place vous expliquer. C’est pas le vent qui a poussé le train. C’est pas la nature. Explain to us.

Ça fait 12 heures qu’on entend plein de suppositions. Parait que le train était déjà en feu avant qu’il se déplace. Vrai? Faux ? MMA doit le savoir. Parlez!

Imaginez si le train avait explosé en plein coeur de New York, pensez-vous que le gars de MMA se serait contenté d’un coup de fil.

C’est toujours la même histoire, chaque fois qu’une compagnie est responsable d’une catastrophe, elle se cache. Elle pense avant tout à protéger la sacrée compagnie.

Évidemment, le but des relations publiques d’une entreprise est de restaurer son image, ou bien à réparer les pots cassés. La gestion de crise sert principalement à stabiliser ladite crise, puis à limiter les dégâts qu’elle peut causer à l’entreprise. M. Laporte n’a donc pas tort, sauf que généralement, les compagnies vont tout de même offrir du soutien et de l’aide, voire une compensation financière aux personnes lésées, etc. C’est la moindre des choses, et cela minimalise un peu l’impact de l’événement néfaste.

En ne réagissant pas immédiatement, la compagnie ferroviaire a laissé une impression de je-m’en-foutisme, d’insouciance et d’arrogance que certains ont eu du mal à digérer. Même la mairesse de l’endroit n’a pas eu de contact avec un représentant de la MMA plus de 24 heures après le drame.

On peut comprendre que des stratèges élaborent un plan de communication, mais un aussi long laps de temps est inacceptable pour les victimes, les sinistrés et tous ceux qui sont concernés par la tragédie.

Donc, la MMA est finalement sortie de son mutisme et a diffusé un communiqué, en français, à l’intention des Québécois. Il a depuis été retiré du site Internet de la compagnie, mais La Presse en a gardé copie, qui fait l’objet d’un cinglant billet ici.

À la lecture du communiqué «libéré immédiatement» hier à 16h15 (le document a été retiré du site seulement ce matin mais vous pouvez le lire ci-bas), on hésite. Doit-on saluer l’effort de communication compte tenu de la crise que tente de gérer la compagnie américaine? Ou considérer qu’il s’agit d’une insulte ajoutée à l’injure d’avoir été quasi absent depuis samedi auprès des élus et de la population touchée?

En effet, à la lecture du communiqué, on comprend que celui-ci a été traduit de l’anglais à travers un logiciel un peu boboche. Tout est de travers dans ce texte qui sert d’ultime tentative de la MMA de se sauver la face. Comment prendre ce communiqué au sérieux quand il est aussi incompréhensible?

En le traduisant de la sorte, l’entreprise laisse l’impression qu’elle n’en avait pas grand chose à faire que d’être comprise par les Québécois francophones.

Malheureusement pour elle, ce travail de relations publiques bâclé lui aura nui plus qu’autre chose. En jouant à quitte ou double, MMA a perdu. Pour l’instant.

Espérons qu’elle se reprenne comme il se doit dans les prochains jours.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s