Il y a quelques semaines, il a été dévoilé dans Le Devoir que Groupe Capitales Médias, conglomérat de presse formé des anciens quotidiens de Gesca – dont fait partie mon employeur, La Voix de l’Est – et appartenant maintenant à Martin Cauchon, avait conclu une entente de principe avec 17 syndicats de l’entreprise.
Ce n’est toutefois que ce matin que la plupart des médias ont annoncé que les syndicats se sont prononcés en faveur de l’entente. Ici les textes du Soleil et du Droit , entre autres.
Ici, à La Voix de l’Est, l’entente a été approuvée par 70% des syndiqués votants. Voici ici mon point de vue à titre de vice-présidente rédaction.
Ce que je peux dire, c’est que ces dernières semaines, j’ai eu l’immense honneur de prendre part active à ces négociations, qui je dois l’avouer, non pas toujours été roses. J’ai côtoyé des gens extraordinaires qui veillaient au bien de l’entreprise, mais surtout de ses artisans. S’ils lisent ce billet, je les salue et les félicite pour le travail accompli. Ce n’était pas une mince tâche, mais chacun a donné tout ce qu’il avait, j’en ai été témoin.
Bien sûr, en raison du contexte difficile que connaissent l’industrie et les médias en général, particulièrement les médias imprimés, personne ne s’attendait à des négociations faciles et plaisantes. Dès le début, les syndicats en étaient conscients, et des sacrifices ont du être faits pour laisser une marge de manœuvre suffisante à l’employeur pour qu’il relance l’entreprise.
Pour réussir à tirer son épingle du jeu alors que la technologie évolue à vitesse grand V et que les médias traditionnels sont en perte de vitesse, il n’y a pas vraiment d’autre choix que de s’adapter pour prendre part à la parade, idéalement au tout début du défilé.
Il a fallu accepter que des services sont en déclin : abonnements au journal papier, vente de petites annonces classées, etc. La compétition des plateformes numériques étant devenue trop forte, le public a délaissé le journal papier où elle ne semble plus y trouver son compte. Il a fallu y faire face et accepter que les choses vont devoir changer si on souhaite poursuivre notre noble mission.
Grande victoire à mon avis : le respect de la promesse de l’employeur à préserver une information régionale forte et à conserver les marques, bien ancrées dans leur milieu respectif. Des efforts sont demandés aux journalistes pour passer dans une nouvelle ère technologique, certes. Mais néanmoins, il semble y avoir du côté de la direction une réelle volonté de miser sur le contenu pour bonifier le produit.
Des pertes d’emploi ne sont jamais souhaitables. Elles affectent non seulement ceux qui les subissent, mais aussi ceux qui perdent des collègues et qui voient leur charge de travail augmenter ou la nature de leur travail changer.
Des restructurations au sein de chaque quotidien étaient donc à prévoir, et certains écoperont plus que d’autres. Mais dans l’ensemble, j’ose croire qu’il a été possible d’en arriver à un compromis qui n’est pas parfait, mais somme toute acceptable dans les circonstances.
Des larmes, des coups de gueule et de l’épuisement, il y en a eu. Des nuits blanches aussi. Quelques séances de casse-tête et de remue-méninge, mais aussi de beaux moments de solidarité.
Car ces négociations regroupées – une première selon plusieurs – étaient excessivement complexes. Mais jamais, un syndicat n’a tenté de tirer la couverture de son côté, bien au contraire.
Jamais, l’unité entre les 17 syndicats de GCM n’a été ébranlée en cours de négociations. C’est admirable et j’ose croire que c’est là le début d’une belle relation entre les employés des six quotidiens qui jusqu’alors ont souvent travaillé en vases clos.
Alors, maintenant qu’il y a entente, les membres de ces syndicats ont été appelés à se prononcer sur celle-ci.
Et j’espère de tout mon cœur que ces sacrifices permettront la réelle relance de l’entreprise, à long terme, afin d’assurer une information régionale forte.