Une heureuse nouvelle est tombée aujourd’hui: 21 titres de TC Média passent aux mains d’Icimédias, faisant doubler d’un seul coup le nombre de publications ayant trouvé preneur depuis la mise en vente, ce printemps, de 93 médias. Une nouvelle qui, à l’époque, était plutôt inquiétante pour l’avenir de l’information régionale et pour les centaines d’emplois en jeu.
Compte tenu du marasme entourant la survie économique des médias, le fait qu’à peine un peu moins de la moitié des périodiques aient déjà été vendus, quasiment à la pièce, est une excellente nouvelle en soi, bien que dans certains cas, d’importants sacrifices ont du être faits pour maintenir les titres en vie. En outre, l’acquisition d’Icimédias est, de loin, la plus importante en termes du nombre de titres cédés.
Chez TC Média, on m’expliquait hier que d’autres discussions avaient cours avec d’autres acheteurs potentiels. L’intérêt est là, a-t-on souligné.
Les quelque 50 titres restants trouveront-ils tous preneur? C’est difficile à dire, à l’heure actuelle.
Mais ça augure bien.
On revient donc graduellement à l’équilibre qui existait avant 2010, période marquant le début de la « guerre des hebdos » que se sont livrés Québecor et TC Média pendant environ trois ans, c’est-à-dire un retour à une certaine hétérogénéité de la propriété des titres, entre les mains d’un plus grand nombre de plus petits propriétaires.
Des plus petits propriétaires, certes, mais qui sont d’abord des gens des régions reprenant le contrôle sur leur information locale. Des actionnaires qui connaissent la valeur sociale et démocratique de leurs médias fraîchement acquis et qui démontrent la ferme intention de défendre ce qu’ils considèrent être une institution dans leurs communautés respectives.
La quête de l’intérêt public et le désir de bien desservir son milieu semblent donc prendre du gallon aux côtés de la recherche de profit , qui semblait guider ceux qui tiraient les ficelles durant la guerre des hebdos, et ce, sans toutefois sacrifier la quête de la rentabilité, entreprise privée oblige.
Malgré toute leur bonne volonté, ces nouveaux propriétaires de presse réussiront-ils à tirer leur épingle du jeu, sachant que Sun Média, puis Québécor se sont défaits de ces avoirs car ils n’étaient plus rentables?
Il serait surprenant que les prix des publicités, qui avaient chuté en raison de la compétition des deux géants, remontent pour atteindre les tarifs d’autrefois. Et puis, bon nombre d’annonceurs ont depuis choisi de placer leurs billes dans les Google et Facebook de ce monde.
Mais qui sait si cette profession de foi pour un contenu local et pour une gestion de proximité n’est pas l’une des clés de voûte qui ramèneront enfin les annonceurs au bercail…
Tout cela en autant que l’indépendance des journalistes soit respectée et qu’on les protège des pressions, tant commerciales que politiques, que certains pourraient être tentés d’exercer. En ne faisant plus partie d’un grand groupe, le rapport de force change.
La profession doit aussi outiller ceux-ci en mettant à leur disposition des ressources et de la formation qui leur permettront de s’acquitter de leur tâche avec plus d’aisance, mais aussi un réseau de contacts qui, au-delà de leur seul média, leur permettra de retrouver ce rapport de force qui les rendait moins vulnérables au sein d’un grand groupe de presse.