Information, Le Web, Médias, sensationnalisme

Un cadeau de Noël pour Magnotta

Time Magazine a choisi Barack Obama comme personnalité médiatique de l’année. Ici, la Presse Canadienne a élu le présumé tueur Luka Rocco Magnotta comme l’individu ayant marqué le plus l’actualité en 2012.

Une décision plutôt controversée, particulièrement en raison de l’abondance d’autres personnalités ayant fait leur marque dans le paysage médiatique cette année. Une spécialiste interrogée par Radio-Canada a d’ailleurs tenté d’expliquer la pertinence de ce choix discutable :

D’après Romayne Smith Fullerton, professeure associée en journalisme à l’université Western Ontario, l’affaire Magnotta avait tout pour piquer la curiosité du public: du sexe, un meurtre, un (présumé) méchant à l’air angélique, une intrigue, des traces laissées sur Internet et un volet international.

C’est d’ailleurs cet écho partout dans le monde qui semble principalement justifier la décision de la PC. De plus, l’envoi de certains membres du cadavre à des établissements liées au gouvernement fédéral confère un caractère politique à l’acte, et donc plus d’importance du point de vue médiatique, et ce même si aucun autre élément du crime n’est en lien avec le gouvernement ou des élus. Comme se défend le patron de l’agence de presse, Magnotta n’a pas remporté ce titre par popularité, mais assurément en raison de l’impact qu’ont eus ses actions, lui qui a également interagi avec les médias sociaux.

Célébrité instantanée

À notre époque, les médias sociaux permettent de placer pratiquement n’importe qui au rang de vedette, car grâce à l’omniprésence d’Internet, il n’est plus nécessaire d’avoir un talent quelconque ou de trimer dur pendant plusieurs années pour accéder à la célébrité. N’importe qui, c’est connu, peut gagner en notoriété rapidement, grâce au potentiel viral de certains contenus.

Ce qui est  justement très intéressant du cas Magnotta, c’est son désir de devenir célèbre, à travers le fait que tous les moyens possibles semblent avoir été pris par le présumé criminel pour y parvenir.

Rappelons-nous que dans les jours suivant les faits, les médias ont présenté et analysé tous les détails de la vie de Magnotta qu’ils ont pu recenser. On y dénote le fait que ce jeune homme recherchait la notoriété : tentative de percer dans l’univers du mannequinat, entrevues télévisées, carrière dans le porno afin de devenir un véritable acteur, etc.

Ayant quelque peu échoué de la manière « traditionnelle », peut-on supposer qu’en commettant un crime aussi crapuleux, et surtout, en le diffusant lui-même sur Internet, son auteur s’assurait de mettre son nom sur les lèvres de tous, partout dans le monde? Il s’agit-là d’un usage extrême des médias, mais assurément réussi pour se faire connaître. Plus que sa liberté, le besoin de Magnotta d’être reconnu semble être sa raison d’être.

Si cette thèse s’avère exacte, le plaidoyer de non-culpabilité enregistré par Luka Rocco Magnotta vient aussi soutenir sa soif de notoriété: le procès sera hautement médiatisé et tous les détails du crime sordide, répétés, puisque la preuve de sa culpabilité devra être établie hors de tout doute raisonnable. On en parlera pendant des mois et le nom de Magnotta reviendra constamment sur la place publique durant cette période, une manière pour l’individu de prolonger ses quinze (tristes) minutes de gloire.

En nommant Luka Rocco Magnotta personnalité médiatique de l’année, la Presse Canadienne lui a donc donné exactement ce qu’il voulait. On n’aurait pu lui faire de plus beau cadeau de Noël.

*Cet article ne réflète que l’opinion de son auteure à la connaissance de certains faits et ce, sous toutes réserves.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s