Récemment, je suis tombée sur cette intéressante réflexion selon laquelle l’ère du scoop, propulsée par les médias sociaux, était révolue. L’exactitude des faits prime sur la rapidité avec laquelle ils sont rapportés, peut-on lire dans le texte.
Autrement dit, les consommateurs d’information n’en ont que faire de la guerre que se livrent les médias. Au contraire, cette dernière nuit plutôt aux entreprises de presse, en minant leur crédibilité quand des erreurs factuelles sont insérées dans des reportages. Ainsi, vaut mieux prendre plus de temps avant de diffuser une information que l’on sait sûre, plutôt que d’être le premier à partager un renseignement erroné.
Même s’il s’agit là d’une évidence, il est facile de tomber dans le piège et de publier quelque chose parce qu’on souhaite être le premier à communiquer ladite information au monde entier.
Force est d’admettre que dans bien des cas, la démarche demeure vaine.
Comme il est mentionné dans le texte, il est rare que les gens se souviennent de qui a été le premier à diffuser la nouvelle. Le public a ses habitudes de consommation des nouvelles qui lui sont propres, et privilégiera donc les médias qui lui conviennent le plus, peu importe si un autre détient une exclusivité que le premier n’a pas.
De toute façon, s’il s’agissait d’une véritable exclusivité, les autres médias n’auraient pas le temps de rassembler suffisamment d’informations pour publier la nouvelle dans les minutes, voire les heures, qui suivent. Ils ignoreraient totalement la nouvelle, alors pourquoi se précipiter?
Selon les auteurs, les médias sociaux devraient être utilisés pour susciter un débat autour de ce qui est couvert par le média, pousser la discussion plus loin et à créer une communauté virtuelle rassemblée autour dudit média plutôt que de n’être que des courroies de transmission de la nouvelle, afin d’être les plus rapides sur la gachette.
En effet, les médias sociaux ont facilité le travail du journaliste, en lui donnant accès d’un seul clic à des centaines de milliers de sources potentielles, à des histoires, des sujets de reportages, bref une base de données qui lui permet, au final, d’exploiter encore plus son art et en couvrant de plus larges horizons. Ces plateformes ont aussi l’avantage de donner plus de visibilité aux journalistes, plus facilement « repérables » par ceux qui pourraient leur confier de précieux renseignements.
De ce fait, ils ne devraient pas remplacer complètement les outils de diffusion traditionnels, mais davantage le compléter.
Citant Eric Carvin, éditeur des médias sociaux d’Associated Press, les auteurs écrivent que « The use of social media shouldn’t be changing our overall value as journalists » (L’utilisation des médias sociaux ne devrait pas modifier nos valeurs en tant que journalistes, ce à quoi j’adhère entièrement).
En effet, la communication d’une information nouvelle, véridique, vérifiée et de qualité devrait en tout temps demeurer la première préoccupation des journalistes. Or, la concurrence agressive à laquelle se livrent de plus en plus les médias les forcent parfois à faire preuve de moins de rigueur et ce, au nom du besoin (irrationnel?) d’être le premier partout.
Car l’information éclair est somme toute éphémère. Il est facile de se dire qu’on peut corriger le tir aussi rapidement qu’on a fait feu, mais rien ne garantit que tous ceux qui étaient présents lors de la première criée seront au rendez-vous au démenti.