Hier soir, j’ai eu l’immense plaisir d’animer un atelier-discussion portant sur le fait divers. Étaient réunis une vingtaine de journalistes, d’observateurs et d’étudiants venus échanger sur ce concept journalistique qui a, le moins qu’on puisse dire, le dos large.
Les faits divers incluent la couverture des actes criminels, des accidents, des infractions, des incendies, etc. Il s’agit généralement du type de nouvelle le plus consulté dans un média d’information généraliste, vu son côté parfois spectaculaire et sensationnel.
Mais qu’est-ce qu’un bon fait divers, d’un point de vue journalistique?
Selon les participants, le secret réside dans le traitement de la nouvelle. Celui-ci doit, bien avant de divertir le public, informer celui-ci d’un événement d’intérêt public. Ainsi, certains faits divers, dont la nature est banale, privée ou qui n’a pas d’incidence, sont peu enclins à être l’objet d’un reportage.
De plus, le traitement journalistique du fait divers doit permettre un suivi de l’histoire, de son occurrence jusqu’à son dénouement. Par exemple, un accident de voiture peut mener à un rapport du coroner, qui formule des recommandations. Un meurtre dont il faut rapporter le procès, et le verdict.
Il y a donc un volet de prévention, d’information et de sensibilisation qui va au-delà du simple fait de rapporter un événement quand on couvre un fait divers.
De plus, ont soutenu les intervenants, il y a la très mince ligne entre information et voyeurisme, qui semble souvent oubliée dans le cas des faits divers. Puisque le public aime le sensationnel, le choquant, il est tentant de n’omettre aucun détail qui rendrait l’histoire plus croustillante. Mais les médias doivent se garder une certaine réserve.
Comme l’ont rappelé certains journalistes, hier, il faut toujours se souvenir qu’au cœur de l’événement se trouvent des individus, des victimes. « On est là où l’être humain est le plus vulnérable », a-t-on mentionné.
C’est cette éthique personnelle, au jugement du journaliste, qui doit le guider dans son travail où le respect est un élément central.
En couvrant un fait divers, il faut faire preuve d’empathie, ont expliqué les journalistes hier. Il faut se demander si, certains détails méritent réellement d’être inclus, s’ils ajoutent vraiment à l’histoire. Il faut aussi penser aux proches des victimes, quand victime il y a.
Mais aussi, le fait divers apprend aux journalistes à devenir de meilleurs reporters, car il faut faire preuve d’humilité quand quelqu’un accepte de nous raconter une histoire, son histoire, aussi déchirant le récit est-il.
Plusieurs ont ainsi été profondément touchés par des témoignages qui leur a été donné d’obtenir. Et ils l’ont candidement avoué, cela a fait d’eux de meilleures personnes.