Plus que choquante cette histoire à propos de la GRC, qui aurait filé au moins trois journalistes du quotidien La Presse, dans la foulée de reportages basés sur des informations coulées.
Ce n’est pas sans rappeler l’étonnant échange qu’a eu le chroniqueur Patrick Lagacé avec des agents de la SQ. Cette même SQ qui a fait une perquisition chez Éric-Yvan Lemay, du Journal de Montréal, une situation vivement dénoncée par la FPJQ. Ce dernier a d’ailleurs intenté une poursuite au civil contre le corps policier provincial. N’oublions pas les démêlés de la Ville de Montréal avec certains de ses employés qui auraient pu filer de l’information aux médias, situation qui a aussi fait l’objet d’une dénonciation par la FPJQ.
Et pourtant, le message ne semble pas passer. Ou bien on découvre, des années plus tard, de nouveaux cas.
Cette traque est inacceptable, on ne le dira jamais assez. Je me réjouis de savoir que la direction de l’information de La Presse n’a pas tardé à la dénoncer.
Dans sa chronique, Yves Boisvert résume bien en quoi cette manière de faire est dangereuse et pourquoi il est important pour les journalistes de protéger leurs sources. Chercher à lever le voile sur les lanceurs d’alerte et les sources confidentielles des journalistes les rend vulnérables aux représailles.
En conséquence, si jamais on découvrait qui était la source, il serait possible de sévir contre elle pour avoir divulgué des renseignements de la plus haute importance. Ces conséquences pourraient décourager d’autres sonneurs d’alerte de transmettre une information, qui sans les médias demeurerait peut-être dans la noirceur.
Enquêter sur les journalistes et leurs sources est donc un obstacle à la transparence, une transparence que réclament depuis longtemps les médias et leurs représentants. À ce sujet, il est intéressant de relire les demandes de la FPJQ lors de son passage devant la Commission Charbonneau et qui plaidait une fois de plus la protection des sources.
C’est aussi un obstacle à la démocratie, étant donné la nature et l’importance de ces informations, qui méritent d’être diffusées.
Depuis quand est-il légitime d’enquêter sur quelqu’un parce qu’il fait bien son travail? C’est la question que je me pose.
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