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Le cinquième pouvoir: chien de garde des chiens de garde

Intéressante, la lecture du plus récent collectif dirigé par Marc-François Bernier, auteur de plusieurs ouvrages et professeur titulaire du Département de communication de l’Université d’Ottawa, Le cinquième pouvoir – La nouvelle imputabilité des médias envers leurs publics. Spécialiste des questions d’éthique et de déontologie du journalisme, Bernier s’intéresse cette fois-ci à ce qu’il appelle le « cinquième pouvoir », c’est-à-dire l’influence du grand public sur les médias.

L’arrivée des médias sociaux a fait émerger ce cinquième pouvoir, qui dispose maintenant d’outils pour commenter et partager son opinion sans filtre et sans intermédiaire. Le public n’est plus qu’un simple consommateur d’information: il est capable de l’apprécier et de la commenter.

Ce faisant, le public est aussi en mesure de communiquer ses attentes aux médias d’information, mais aussi de leur souligner leurs travers et leurs erreurs. Ceux-ci sont donc soumis à une certaine forme de surveillance qui leur rappelle leur devoir de rigueur.  Bref, le cinquième pouvoir agit à titre de chien de garde des chiens de garde de la démocratie.

Plutôt académique, le collectif illustre le propos avec de nombreux exemples issus des continents nord-américain, européen et africain, rappelant certaines bourdes médiatiques et la réaction populaire qui a suivi. On nuance en affirmant que la plupart des commentateurs des médias comprennent mal leur rôle ou les règles de l’exercice du journalisme, avec tous les dérapages que cela implique.

Les impératifs économiques amènent une accélération de la vitesse d’exécution, avec les dangers que cela comporte. Heureusement, quelqu’un veille et nous ramène à l’essentiel et sur le droit chemin; c’est ce que Bernier entend quand il affirme que le cinquième pouvoir est une source d’imputabilité.

Malgré le sacro-saint principe de l’indépendance journalistique, les journalistes ont des comptes à rendre, rappelle-t-on. Comme médias, notre devoir est de produire de l’information d’abord et avant tout pour nos publics, qui sont à la base même de notre mission.

Ce point de vue amène à douter de la vieillotte théorie de l’agenda setting, où les médias décident des grands thèmes de l’actualité pour leurs publics. Et si c’étaient ces derniers qui, en bout de ligne, guidaient les médias sur ce dont ils ont envie de parler?

Enfin, le bouquin rappelle que même si la critique déplaît et que des egos sont froissés, les journalistes ne peuvent plus faire totalement abstraction de cette voix de moins en moins silencieuse. On comprend que la montée du cinquième pouvoir n’est pas qu’une tendance temporaire et qu’il fait désormais partie de l’univers médiatique à titre d’acteur à part entière.

Aussi bien s’y faire!

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