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Crise des médias: quelques questions pour les partis

Nous voici en pleine campagne électorale. Pendant que les grands médias suivent à la trace les chefs des quatre principaux partis politiques, les plus petits subissent encore les effets d’une crise qui ne semble pas sur le point de freiner.

Au cours du dernier mois seulement, la station CHOC FM, à Saint-Rémi, s’est retirée des ondes; Rogers a annoncé son intention de vendre huit de ses magazines; MédoMédia a annoncé qu’il fermerait deux hebdomadaires acquis il y a quelques mois à peine (Le Pharillon et L’Écho de la Baie), et qui seront remplacés par deux titres de Lexis Media, qui a annoncé aujourd’hui la fermeture de La Revue de Gatineau, un autre de ses titres.

Les fermetures annoncées au cours des derniers jours, voire des dernières semaines, sont presque passées sous silence.

Pourtant, depuis environ cinq ans, entre 35 et 40 hebdomadaires ont disparu; deux médias électroniques d’information locale et tout autant de stations de radio locales ont cessé d’émettre. Et j’en oublie peut-être.

C’est sans compter les dizaines d’emplois qui, eux aussi, disparaissent dans la foulée de la crise des médias. Ceux qui ne ferment pas subissent pour la plupart d’importantes compressions pour survivre, rappelons-le.

Surtout, un média d’information locale qui s’éteint, c’est un rouage de la démocratie qui disparaît, cette démocratie que les candidats aux élections souhaitent incarner. Ce sont des citoyens qui ne savent plus ce qui se passent chez eux, qui n’ont pas  accès au compte rendu de ce que font ceux qu’ils ont élus. C’est une atteinte à la diversité des voix, qui permettent d’obtenir plusieurs sons de cloche sur une même situation et qui nous permet de se faire une idée plus éclairée des enjeux à partir de faits colligés par les journalistes.

Un média régional, en période électorale, permet aussi de donner une voix aux candidats locaux et à faire valoir les enjeux qui préoccupent la population. Il a aussi été démontré que le journalisme régional favorise la participation citoyenne, et donc, a une influence positive sur le taux de vote.

On peut être en désaccord avec la ligne éditoriale de certains médias; on peut ne pas aimer le style de certains journalistes, mais on ne peut pas être contre le journalisme, à moins de préférer l’obscurantisme…

En parallèle, les journalistes en région continuent d’avoir du mal à exercer leur métier à l’abri d’entraves. Encore une fois, seulement au cours du dernier mois et demi, un journaliste s’est vu empêcher de couvrir la séance du conseil municipal de Marieville (à ce sujet, voir le commentaire laissé plus bas), en Montérégie; la municipalité de La Motte a pour sa part refusé l’accès à un journaliste à une consultation publique, en plus d’adopter en juillet un règlement qui empêche l’enregistrement des périodes de questions des séances régulières.

Ces occurrences ne sont ni les premières ni les dernières du genre à survenir au Québec. Comme le mentionnait le président de la FPJQ Stéphane Giroux, pas plus tard que ce matin, il existe dans la loi un flou qui permet ces entraves. Si celle-ci stipule que les séances des conseils municipaux doivent être publiques, elle n’interdit pas aux élus de choisir qui peut y assister ou d’encadrer l’enregistrement de ces séances, même s’il a été décrété à plusieurs reprises que les appareils pour capter le son et les images ne nuisaient d’aucune façon au déroulement de ces rencontres.

La loi sur l’accès à l’information, elle, est désuète et permet aux organisations de trouver toutes sortes d’excuses pour ne pas communiquer les renseignements demandés. Là aussi, les exemples sont nombreux, et ce, à plusieurs niveaux. Que dire de cette réponse du ministère de la Justice, qui n’a pu donner suite à une demande de documents formulée par Le Devoir, sous prétexte que le personnel au travail pendant l’été n’est pas outillé pour y répondre.

Le prochain gouvernement du Québec a le pouvoir, et j’oserais même jusqu’à dire le devoir,  d’aider l’industrie de l’information, par des lois, par des programmes d’aide qui n’affectent pas l’indépendance des journalistes.

Alors, deux questions toutes simples pour les partis politiques:

Si votre formation constitue le prochain gouvernement du Québec le 1er octobre prochain:
1- Que ferez-vous pour freiner l’extinction des voix médiatiques au Québec?
2- Que ferez-vous pour empêcher ces attaques à la liberté de presse? Êtes-vous prêts à vous engager  à réformer la loi sur l’accès à l’information, mais aussi la loi sur les cités et villes, mais surtout à passer à l’action?

Je ne sais pas qui prendra le temps de me répondre, ou si j’aurai une réponse. Je jetterai bientôt un oeil aux propositions des partis qui concernent les médias.

4 réflexions au sujet de “Crise des médias: quelques questions pour les partis”

  1. Mme Martel,
    Je suis conseiller municipal à Marieville et jamais la Ville de Marieville n’a refusé l’accès aux journalistes à ces séances ou à toutes autres rencontres du conseil municipal. Nous aurions d’ailleurs été des plus heureux de la présence du journaliste de Chambly, afin de pouvoir rapporter concrètement les délibérations du conseil, afin que notre population ait accès aux informations que nous avions à communiquer, principalement concernant le sujet de la « survie de l’aréna ». Nous étions, même, surpris de son absence considérant l’importance de la rencontre. Malheureusement, lors du dernier conseil, la capacité légale de la salle où se déroulait l’assemblée a été atteinte. Le pompier qui était à la porte, en toute bonne foi, a simplement appliqué le règlement, sans croire qu’il pouvait y avoir des conséquences à son geste qui lui semblait bien légitime. En aucun temps, un mot d’ordre quelconque n’a été donné, et si on nous avait avisé de la situation, il est clair que le journaliste du Journal de Chambly aurait pu prendre place dans la salle. D’ailleurs pour être certain qu’une telle situation ne se répète, une place sera dorénavant attitrée et réservée pour la presse locale. Le conseil municipal croit de façon déterminée à la démocratie et à la liberté de presse. De plus, dès le lendemain matin, notre Responsable des communications a communiqué à la première heure avec le journaliste afin de s’excuser de la situation. Je peux comprendre que le journaliste est nouveau dans la région, mais considérant qu’il avait déjà assisté à nos délibérations et qu’on l’avait très chaleureusement accueilli, nous étions grandement déçus d’être perçus comme un conseil qui refuse l’accès aux médias. Ce que nous ne sommes pas. C’est là peut-être, je vous le concède, l’urgence des chefs de pupitres de nourrir leurs sites WEB rapidement, ce qui fait en sorte que de l’information est instantanée et moins fouillée. Voilà, c’est ce qui s’est passé à Marieville. Merci, de m’avoir laissé le privilège d’utiliser cet espace pour donner ma version de cet événement et félicitations pour ce « blog » des plus pertinents.

    Sylvain Lapointe,
    Conseiller municipal de Marieville
    Ex-Maire de Marieville, 1993-2002
    Ex-journaliste et représentant au Journal de Chambly, 86-93

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    1. Veuillez excuser la faute de construction de phrase ayant appuyé sur « Enter » trop rapidement!
      La deuxième phrase aurait dû se lire comme suit: Nous aurions d’ailleurs été des plus heureux de la présence du journaliste du Journal de Chambly, afin de pouvoir rapporter concrètement les délibérations du conseil, et qu’ainsi, notre population ait accès aux informations que nous avions à communiquer, principalement concernant le sujet de la « survie de l’aréna ».
      Merci.

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    2. Bonjour M. Lapointe,
      Merci d’avoir pris le temps de préciser le tout, je l’apprécie grandement (et merci de m’avoir lue!). Comme je suis journaliste non loin de votre municipalité, je sais à quel point ce dossier peut être un point chaud!
      Je mettrai une note invitant à lire votre commentaire dans le texte original.
      Par ailleurs, vu votre parcours, je constate que vous avez la liberté de presse à coeur et je vous en remercie. Beaucoup d’élus municipaux saisissent mal le rôle des journalistes et cela est malheureux; si quelques-uns, comme vous, peuvent aider leurs confrères à mieux comprendre et à défendre la liberté de presse, vous serez un précieux allié pour la cause.
      Au plaisir, Marie-Ève

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