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Médias: après la crise, la nécessaire réorganisation

Plusieurs pistes de solution pour permettre aux médias d’information de se sortir de la crise qui les accable depuis plusieurs années ont été abordées lors de la conférence Les journaux au 21e siècle: quelle place pour la presse d’information ?,  organisée par le Centre d’étude sur les médias et l’École des médias de l’UQAM, mardi soir.

Vincent Peyrègne, directeur général, et Fernando de Yarza, président de l’Association mondiale des journaux ont été les invités d’honneur de cette discussion, au cours de laquelle ils ont présenté leur vision des sorties de crise des médias, et plus particulièrement des médias de la presse écrite.

Les problèmes

M. Peyrègne a rappelé que c’est en 2016 que pour la toute première fois dans l’histoire pluricentenaire de la presse, les revenus issus des abonnements et des lecteurs dépassaient les revenus publicitaires qui avaient depuis toujours financé les opérations des journaux.

Le conférencier parle même d’une « rupture fondamentale », puisque les médias ont alors été confrontés au fait qu’ils n’ont jamais réellement pris compte des intérêts de leurs lecteurs dans la création de leur produit étant donné que leur financement provenait d’une autre source. Ils sont maintenant obligés de se réintéresser à leurs lecteurs, qu’ils avaient oublié depuis plus d’un siècle, a-t-il indiqué.

« Les investissements ont toujours été liés à servir les annonceurs, jamais les lecteurs, a-t-il déploré. Ce point de rupture de 2016 a suscité une prise de conscience qu’il faut rendre la priorité au lecteur. »

Fernando de Yarza abonde en ce sens. « On ne fait plus les contenus que veulent nos lecteurs », a-t-il souligné.

Ce bouleversement était inévitable et sera irréversible, ont indiqué les invités, parce que désormais, plus de 80% des revenus publicitaires sont avalés par les GAFAM et qu’il n’y aura pas de retour massif au bercail pour les annonceurs.

En plus de concentrer la majorité des revenus publicitaires, les GAFAM ont retiré aux médias traditionnels le monopole de la diffusion de l’information, leur enlevant également un certain ascendant sur le public, ajoute Peyrègne, en plus de ne plus pouvoir capter suffisamment d’annonceurs dans leur marché pour survivre.

Les solutions

Pour Vincent Peyrègne, il est inévitable que pour assurer leur survie, les médias d’information doivent recommencer à monétiser des contenus qu’ils offraient jusqu’à tout récemment ou qu’ils offrent encore gratuitement. Une erreur que tous, ou presque, ont commise, dit-il.

Les contenus seront payants s’ils ont une valeur ajoutée, ajoute-t-il, c’est-à-dire qu’ils présenteront une profondeur et des analyses qui vont au-delà de la simple nouvelle rapportée, comme le journalisme d’enquête ou le journalisme de solutions.

Les médias devront également varier leurs sources de revenus en offrant, entre autres des solutions en marketing local, l’organisation d’événement et des conférences commanditées par les annonceurs.

Il faut également que les gouvernements mettent en place une réglementation et une législation claires pour forcer les GAFAM à être sur un pied d’égalité avec les médias traditionnels. « Ce n’est pas juste qu’ils ne paient pas de taxes quand nous, nous devons le faire », a mentionné M. de Yarza.

De par son expérience, celui-ci estime également que les médias devraient former des alliances pour partager tout ce qui touche aux technologies et aux différents supports de l’information afin de générer des coûts d’échelle, mais aussi une puissance de frappe beaucoup plus grande face aux géants du Web et de l’État. La compétition ne doit se faire que sur le plan des contenus, avance-t-il.

Surtout, croit M. de Yarza, l’indépendance journalistique est tributaire d’une indépendance financière totale des médias, c’est pourquoi il s’oppose à une aide financière gouvernementale qui, même minime, lie les journaux à l’État.

Là-dessus, son collègue français a une opinion divergente. Il rappelle que les médias de France sont financés à un certain pourcentage et que l’État a une « responsabilité indéniable » dans le soutien à la presse puisque le journalisme est un bien public et un instrument culturel indispensable.

Il prêche d’ailleurs pour une meilleure éducation aux médias, afin de sensibiliser la population à ces rôles de la presse.

« L’avantage avec Netflix, c’est qu’il démontre que les gens sont prêts à payer pour des contenus qu’ils veulent consulter, avance-t-il. Pourquoi ce ne serait pas la même chose avec les médias? »

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