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Les murs payants permettent-ils d’acheter la liberté de presse?

Un quotidien uniquement financé par ses abonnés verra le jour en septembre aux Pays-Bas.

Alors que les dirigeants de cette future publication, pour la plupart des journalistes d’expérience et réputés,  se disent ravis d’avoir dépassé leur objectif de financement. En demandant une cotisation d’en moyenne 60 euros par personne, ils ont réussi à obtenir leur financement en à peine huit jours, en mars. La thématique des murs payants fait l’objet d’un débat qui, loin de s’essoufler, remet perpétuellement en question le caractère gratuit de l’information.

Pour un média, le plus grand avantage d’être financé par ses abonnés est le pouvoir de s’affranchir de la publicité, donc des contraintes d’espace et rédactionnelles qui sont parfois imposées. Pour les journalistes, c’est le champ libre pour traiter de tout sans craindre de froisser un annonceur.

D’ailleurs, De Correspondent, la future publication en ligne, traitera de sujets délaissés par les médias plus traditionnels, ont affirmé ses créateurs, qui prônent le « slow journalism« , une nouvelle tendance journalistique, comme l’ultralocal. Ainsi, plutôt que de synthétiser l’information, les journalistes la présenteront plutôt pièce par pièce, au jour le jour. Mais les dossiers plus étoffés ne seront pas mis de côté pour autant, au contraire, laissent-ils entendre.

Le fait aussi qu’il soit financé par son lectorat le soustrait davantage à la compétition que se livrent les médias concurrent sur un même marché. Il n’a pas à se soucier de perdre des annonceurs ou des lecteurs, car c’est lui que ces derniers ont « choisi ».

Le paradis quoi? Écrire ce qu’on veut sur ce qu’on veut, pour des gens qui veulent nous lire et donc qui n’en ont pas rien à foutre pour faire changement?

Pas tout à fait, quand même. Les journalistes respecteront les mêmes règles auxquelles sont soumises leurs collègues, mais effectivement, le fait de s’autofinancer procure une liberté rédactionnelle enviable.

Encore faut-il que les lecteurs soient au rendez-vous, ce qui est le cas pour De Correspondent. Par contre, la méthode utilisateur-payeur met une pression additionnelle sur les journalistes: s’ils n’arrivent pas à atteindre les attentes de leur public, ils perdront le financement nécessaire à leur continuité.

Le tout a également soulevé une interrogation:

Le chef de la rédaction science du quotidien de centre-gauche de Volkskrant s’est pour sa part demandé sur le site Internet de son journal si le futur quotidien propose vraiment quelque chose de nouveau et ne contribue pas en fait à un problème «plus profond»: un glissement vers une «monoculture» journalistique dominée par une élite.

Au contraire, plus nombreuses sont les initiatives journalistiques, plus on évite ce glissement dont parle le chef de la rédaction. Plus de liberté aux journalistes égale une plus grande diversité de sujets. La « monoculture », telle qu’elle est décrite, m’apparaît plutôt comme le résultat de la compétition excessive à laquelle se livrent les médias, et qui les forcent à traiter des mêmes sujets de peur de laisser l’exclusivité au concurrent.
Voilà donc le défi de ce média en devenir: saura-t-il proposer un contenu nouveau genre, différent et intéressant? Saura-t-il justifier la contribution qu’il exige de son lectorat?
Une chose est sûre: si De Correspondent est un succès, il ne serait pas surprenant de voir des petits pousser ici et là, dans le monde, en suivant le même modèle d’affaires.

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