Un journal de la Californie ferait payer des universités pour qu’un papier à leur sujet soit publié dans ses pages.
En somme, la direction du journal a offert à trois établissements une section hebdomadaire pour un an, comprenant chroniques, photos, couverture d’événements et j’en passe, le tout en échange de 275 000$. Les universités se sont prévalues de cette offre.
Il n’est pas rare de voir des pages dédiées, de temps à autre, aux universités. Par exemple, le Soleil de Québec réservait deux pages dans son édition du dimanche aux activités de l’Université Laval. Il s’agissait de textes produits par l’université elle-même, le plus souvent issus de sa propre publication et non pas de journaux étudiants. Si mon souvenir est bon, la mise en page était la même. J’ignore cependant si cela était offert gracieusement ou non.
Or, dans le cas du Orange County Register, la publication en question, la pratique a de quoi faire réfléchir, puisqu’il s’agit d’une forme de publireportage. Les textes seront-ils identifiés comme tels?
A copy of the contract between The Register and Fullerton obtained by KPCC says the university is expected to « actively collaborate » with the paper on story ideas. It makes clear that The Register « retains final authority on story selection and editing » in order to « preserve credibility. »
(Résumons: dans le contrat, il est stipulé que bien que l’université « collaborera activement » avec le journal sur les sujets à développer, celui-ci, pour préserver sa crédibilité, aura le dernier mot sur le choix des sujets et son traitement.)
Du point de vue du journal, on se demande quelle est la valeur accordée à l’information qu’elle collecte et diffuse, mais aussi la valeur de ses choix éditoriaux. Évidemment, la publication doit se garder un droit de regard sur ce qui sera diffusé dans cette section, mais pas seulement par souci de crédibilité, mais au nom de son indépendance.
Une publication qui ne comprend que de la publicité, c’est une circulaire.
Selon l’éditeur du journal, l’entente est la même que celle qui interviendrait entre le journal et un concessionnaire achetant un espace publicitaire dans son cahier automobile. il ajoute que puisque les sections concernant l’université sont parmi les plus populaires, tout va de soi, surtout parce que les universités fournissent aux journaux des nouvelles.
Alors, si ce sont des nouvelles qu’elles fournissent, pourquoi paient-elles le journal? Autant, il ne m’apparaît pas éthique pour un média de payer pour obtenir de l’information, l’inverse n’est pas acceptable, s’il s’agit de nouvelles d’intérêt public.
Le mandat d’un média est d’offrir le plus de points de vue possible sur un sujet donné, qu’il juge d’intérêt pour son auditoire. S’il fallait que seuls qui peuvent se le permettre fassent l’objet de reportages, les médias ne répondraient pas à leur tâche d’illustrer les différentes catégories d’intervenants et de groupes sociaux de leur milieu.
Du côté des universités, on comprend que l’entente est une opportunité fort intéressante de promotion et qu’elle mettra de l’avant la diversité des activités et des programmes offerts par les établissements. Une publicité qui n’en a pas l’air d’une. Le tout leur permettra d’attirer de meilleurs étudiants et, qui sait, de remplir les coffres de leur fondation. De plus, que les textes soient présentés de façon à ce qu’on les distingue du véritable contenu rédactionnel ou non, ne nuit pas aux universités.
Mais pour les lecteurs, la différence est toute autre. Ceux-ci pourraient se sentir bernés.
De plus, certaines de ces universités offrent des programmes d’étude en journalisme. Que penser de cette pratique et de ce qu’elle inculque aux étudiants qui assureront la relève?
En fin d’article, on conclut en disant que la situation n’avait rien de problématique, en autant que la publication soit transparente. Je crois que la transparence est en effet de mise. Malgré les impératifs économiques qui régissent l’univers des médias, ces derniers ne doivent jamais perdre de vue leur utilité. Je l’ai écrit souvent, les gens ne sont pas dupes à ce point.