Bien que des rumeurs circulaient depuis quelques semaines à cet effet, la nouvelle a eu l’effet d’une bombe dans le milieu journalistique québécois: le groupe TC (Transcontinental) a acheté tous les hebdomadaires appartenant à Sun Media, une filiale de Québecor.
S’agit-il d’une bonne ou d’une mauvaise nouvelle? Plusieurs facteurs sont à considérer.
Le premier constat que l’on puisse faire de cette acquisition, c’est qu’elle mènera presque assurément à la fermeture de journaux, devenus des doublons sur un même territoire. Cela signifie que, à moins d’augmenter les effectifs dans chaque publication survivante, bon nombre de travailleurs de l’information et, par la bande, de travailleurs administratifs, perdront leur emploi. Dans ce cas, même si on peut se réjouir que la transaction ait eu lieu entre deux entreprises d’origine québécoise, on ne peut être ravi du fait que plusieurs dizaines, voir des centaines, de personnes pourraient être mises à pied.
Qui plus est, la situation place TC dans une situation de quasi-monopole, si on exclut les quelques hebdomadaires indépendants qui résistent encore ici et là en province. En information, cela peut en influencer grandement la qualité. Bien que je suis certaine que tous ceux qui se retrouvent aujourd’hui à l’emploi du groupe font et feront leur travail avec compétence, la diversité de l’information sera amoindrie puisque les publications appartiendront (presque) toutes au même propriétaire. Le piège de la convergence sera plus tentant que jamais, et les divergences éditoriales, quasi nulles.
Cela aura-t-il un impact sur l’information régionale? Les hebdomadaires régionaux ont, à la base, la mission de traiter d’enjeux locaux, là où les grands quotidiens nationaux échouent. Ils constituent en quelque sorte le miroir d’une société, d’une ville ou d’une MRC, et a le loisir de traiter des sujets qui semblent d’importance moindre, mais qui somme toute, peuvent intéresser ceux qui demeurent à proximité.
Pour citer le communiqué de presse de la FPJQ:
L’information régionale pourrait également pâtir de cette transaction sous un autre angle. Ce sont les hebdos Québecor qui fournissent en partie les nouvelles sur les régions dans le Journal de Montréal, le Journal de Québec et dans le 24 heures. Cette source d’information sur les régions rendue disponible à l’ensemble des citoyens du Québec va disparaître.
À l’inverse, cela vient mettre un terme à ce qu’on appelle, dans le milieu, la « guerre des hebdos », une farouche lutte que se livraient les deux grands groupes de presse depuis 2010. Celle-ci avait atteint un sommet, en 2011, alors que le plus grand groupe indépendant d’hebdomadaires québécois, Les Hebdos montérégiens, avaient été acquis par Sun Media. En conséquence, de nombreuses publications avaient vu le jour, si bien que le territoire était saturé de journaux. Le marché publicitaire était pour sa part divisé entre tous ces médias, provoquant une légère diminution des prix d’annonce.
La fin de cette « guerre » médiatique aura pour effet d’enlever un poids énorme sur les épaules des journalistes et travailleurs qui en étaient les soldats. Leur unique motivation sera désormais d’informer mieux, sans se soucier de la compétition.
Les grands gagnants de cette transaction, outre TC Media, sont sans aucun doute les journaux indépendants qui demeurent. Ils feront face à un géant de moins pour survivre.
Pour en savoir plus:
Communiqué de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec
Communiqué d’Hebdos Québec
C est maintenent la reference sur le sujet, personnellement, j en redemande merci beaucoup.
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