En région, Information, Journalisme, journalisme citoyen, Journaux papier, Le Web, Médias

Régions: plaidoyer pour une solidarité journalistique

Hier soir, la branche montérégienne de la FPJQ a reçu Pierre Craig. Une rencontre qui se voulait plutôt générale, mais qui n’a pu faire autrement que d’être teintée par un débat sur la « guerre » que se livrent journalistes et élus locaux, alors que les exemples semblent abonder depuis quelques semaines: Saint-Lambert, Québec, Candiac et oui, Granby.

Le nouveau président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec a en effet entamé son mandat en force depuis son élection, au congrès national tenu en novembre dernier. Déjà, il a publié, fin janvier, une lettre ouverte dénonçant l’attitude de certains maires envers les journalistes locaux, lettre dans laquelle il réitère le rôle de « sentinelle de la démocratie » des médias et appelle à cesser toute entrave à la liberté de presse et à l’accès à l’information.

Ce faisant, M. Craig venait de faire de celles-ci son premier cheval de bataille, qu’il jumelle au second, la protection du journalisme en région.

Cette rencontre avec le président de la FPJQ a mis en lumière une réalité peu souvent abordée: le quotidien des journalistes qui œuvrent en région diffère grandement de ceux qui travaillent dans les grands centres urbains. Mais comme les instances qui représentent les journalistes s’y trouvent, règle générale, elles oublient parfois que les journalistes régionaux se retrouvent parfois laissés à eux-mêmes.

Et c’est ce que M. Craig s’engage à corriger en créant ce qu’il appelle des « solidarités régionales » entre les journalistes locaux.

Selon le président, les journalistes doivent outrepasser la compétitivité que leur impose leurs médias respectifs quant vient le temps d’affronter les menaces à la liberté de presse sur leur territoire. Puisque les équipes journalistiques en région sont généralement très réduites, le rapport de force qui les oppose aux élus n’est pas le même. Certains journalistes sont donc plus vulnérables à l’intimidation pouvant provenir des maires ou dirigeants d’autres instances, c’est pourquoi il importe à ses yeux que tous fassent fi des divergences journalistiques pour faire front commun dans de tels cas.

« Si on laisse faire l’intimidation, on permettra aux intimidateurs de continuer, car chacun tombera l’un après l’autre », a-t-il prévenu, qualifiant de « honteuse » cette stratégie de contrôler le message par la coercition et la menace.

Mais cette « guerre » qui opposerait trop souvent élus et médias relèverait surtout d’une méconnaissance du travail des journalistes. Dénonçant le fait que bon nombre d’élus gèrent une municipalité à la manière d’une entreprise, Pierre Craig leur reconnaît le droit d’être insatisfaits de certains reportages qui ne les mettent pas en valeur sous leur meilleur jour. Mais il martèle que les médias ne sont pas la courroie de transmission des élus, si ce n’est qu’une courroie de transmission systématique et non partisane. Le contraire d’un feuillet paroissial.

Un travail d’éducation serait donc à faire auprès des maires, et pourquoi pas auprès des députés, des ministres et de la population? « Je voudrais que la FPJQ devienne un organisme de combat, où nos armes seraient nos outils de travail: recherche, communication et créativité » a-t-il déclaré en entrevue au terme de la rencontre.

Pierre Craig utilise beaucoup un vocabulaire militaire dans ce pèlerinage pour une meilleure liberté de presse. Car lui-même le dit, il est un soldat qui part en guerre. Une guerre de mots, de valeurs, mais aussi une guerre d’idéaux.

1 réflexion au sujet de “Régions: plaidoyer pour une solidarité journalistique”

Laisser un commentaire