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Une question de confiance

Il y a quelques semaines, je participais à un atelier de préparation à une entrevue avec un dirigeant d’entreprise qui s’apprêtait à être interrogé par le rédacteur en chef d’un magazine spécialisé dans son domaine d’affaires.

Candidement, il s’interroge : « Aurai-je le droit de lire son article avant publication? »

J’ai répondu par la négative. En fait, j’ai vigoureusement hoché la tête de gauche à droite, car il est impensable pour moi de faire relire mes reportages  à mes sources avant leur publication.

En journalisme, le droit de regard représente le sacrifice de notre indépendance. En permettant à une source de connaître le contenu d’un reportage avant sa diffusion, c’est lui donner le pouvoir de contrôler l’information. En effet, la source pourrait exiger la modification de certains faits ou allégations qui portent ombrage à son image, qui la font mal paraître ou qui la mettent dans l’embarras, alors que le reportage journalistique (et je ne parle pas ici du publireportage) tente de présenter objectivement une réalité donnée.

Le droit de regard peut toutefois être utilisé pour vérifier certaines allégations ou faits mentionnés dans le reportage, afin d’éviter de diffuser des informations erronées. Dans ce cas, le journaliste peut faire parvenir la ou les parties du reportage qui comprennent lesdites informations afin de les faire confirmer par sa source.

Ceci étant dit, il est normal pour des individus peu habitués de collaborer avec les médias d’être craintifs face à l’éventuel traitement que le journaliste fera des informations qu’il a reçues. Il est tout aussi compréhensible d’être méfiant quand on a eu une mauvaise expérience par le passé.

Pourtant, le fondement même du journalisme est la notion de confiance.

La confiance d’abord du journaliste envers sa source, qui s’attend à ce que celle-ci lui fournisse des informations justes et véridiques. Ensuite, la confiance de la source envers le journaliste, qui doit traiter ces informations avec diligence et sans mauvaise foi. Enfin, la confiance des auditoires envers les journalistes, qui s’attendent des seconds qu’ils leur présentent une information objective et libre de tout contrôle. Pour citer Benoit Marchal :

Qui contrôle le contenu est important parce que quand on écoute ou on lit un média, c’est (habituellement) parce qu’on a confiance dans sa rédaction, on a confiance dans les choix des sujets et dans le traitement équitable de ces sujets.

Ainsi, la meilleure façon de contrôler son image et la protéger de quelconque déformation journalistique (personne n’est parfait) et d’éviter de se retrouver dans le très sélect « Club des mal cités », c’est probablement de ne pas accorder d’entrevue aux journalistes. Voilà d’ailleurs une expression trop souvent utilisée à mauvais escient.

Mais entre vous et moi, il s’agit parfois d’un mal nécessaire… pour faire parler de soi!

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