communication, Information, Le Web, Médias, sensationnalisme, viral

Un passé qui hante

On ne le dira jamais assez: tout ce qu’on peut diffuser sur Internet (et dans les médias, en général) peut être retenu contre nous, sans date limite.

Deux candidats aux présentes élections l’ont appris à leurs dépens, puisque leurs publications passées sur le réseau social Facebook les ont rattrapé dans les derniers jours.

Le premier est le jeune candidat caquiste Steeven Florent, qui n’a pas pris soin d’effacer certaines photos compromettantes de son profil. Les médias ont tôt fait de rapporter le tout et d’entacher ainsi la candidature du jeune homme.

Le second est un autre candidat dans le début de la vingtaine, cette fois-ci au Parti Québécois, qui avait publié tout récemment, soit en janvier, une photo condamnant l’Islam en des termes peu élogieux. Mais d’autres éléments, comme l’énumère cet article de La Presse, indiquent qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé.

D’autres photos tirées de son profil Facebook ont soulevé la controverse. L’une d’elles accuse la religion musulmane d’encourager, entre autres, la pédophilie et la bestialité. Le candidat a aussi partagé une publication de Marine Le Pen, leader du Front national, parti d’extrême droite en France. Toutes ces publications ont disparu de son profil Facebook.

Même si tous les éléments portant à controverse ont depuis disparu du Web, le mal est déjà fait. Les deux événements ont évidemment les chefs de parti dans l’embarras, eux qui ont dû s’expliquer à la presse la suite du dévoilement de ces informations.

Dans un cas, le candidat péquiste a finalement retiré (à regret) sa candidature. Dans l’autre, le chef de la Coalition Avenir Québec, François Legault, a dénoncé les photos de son candidat, mais a tout de même tenu à le conserver dans ses rangs, prétextant que « tout le monde fait des erreurs de jeunesse« .

Certes, ces nouvelles parfois cocasses, parfois dramatiques, placent la politique sous un projecteur qui plaît moins à ses acteurs. Chercheurs de poux, les médias? Sensationnalisme ou intérêt public?

Comme il ne s’agit pas de personnalités publiques issues du divertissement, mais bien de candidats à des postes de députés et donc, en charge des deniers publics, on penchera plus pour une démarche journalistique fondée sur l’intérêt public, même si, en cours de route, certaines découvertes sont pour le moins… inusitées.

Les journalistes se plaisent à s’appeler eux-mêmes les « chiens de garde de la démocratie »; ils estiment qu’il est dans leur devoir de surveiller le pouvoir, les différents acteurs de la politique, et de dénoncer des situations qui leur semblent inacceptables. C’est pour cette raison qu’ils fouillent le passé de candidats aux élections. Car comme ils se considèrent la vigie de la démocratie, ils débusquent des informations, toujours vérifiables et vérifiées évidemment, qui peuvent avoir un impact sur une candidature. Des informations qui feraient en sorte que, s’il ne les connaissaient pas, le public ne pourrait voter en ayant un portrait éclairé des options qui s’offrent à lui.

Ceci étant dit, certains contenus sont plus sensibles que d’autres. Et semble-t-il que les recherches n’ont pas été très poussées dans le cas de ces deux candidats, puisque n’étant pas « amis » avec eux sur Facebook, les journalistes n’avaient qu’accès aux contenus dits publics.

Et qui dit public dit libre d’accès, c’est aussi simple que ça. Sur sa page Facebook, encore une fois, le candidat péquiste dénonce le rôle des médias dans cette affaire:

Je remercie également excellent travail des médias qui s’attaque [sic] aux jeunes qui désir[sic] servir sa nation. Quel [sic] en est la pertinence de tout ceci? Se dire qu’on a réussi une bonne journée de travail, se dire que la vérité est sortie?

Malheureusement pour lui, il est seul artisan de son malheur, car il a choisi librement de diffuser des messages sensibles, sans même prendre le soin d’en déterminer la confidentialité. Cela vaut aussi pour les commentaires qu’il haineux que d’autres ont tenu à son égard, ceci étant dit.

C’est une dure leçon qu’a aussi apprise l’humoriste (?) Gab Roy récemment, et peut-être même il y a un peu plus longtemps. L’homme a suscité l’ire publique après avoir publié, sur son blogue personnel, un récit fictif dans lequel il décrit de façon très crue un acte sexuel impliquant Mariloup Wolfe.

Les choses auraient été bien différentes s’il n’avait pas nommé la comédienne. Celle-ci, avec raison, le poursuit donc pour 300 000$, a-t-on appris en fin de semaine dernière. Et devant la controverse, plusieurs bars et salles de spectacles où l’homme devait se produire ont préféré annuler l’événement plutôt que de lui être associé. Les choses vont de mal en pis, si bien que l’humoriste songe à mettre un terme à sa carrière. Malgré tout, rien n’excuse la teneur des propos de Gab Roy, même s’il a droit, comme il le clame, à sa liberté d’expression.

Bref, pour lui, et pour beaucoup d’autres, la libre expression sur le Web coûte cher. Et ce n’est pas parce qu’on jouit d’une liberté qu’on doit l’user jusqu’à en trouver les limites. Car rappelons-le, même si on a le droit d’exprimer quelque chose, il faut surtout choisir la manière – et l’endroit- pour le faire.

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