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PKP: donner l’exemple

On retrouve aujourd’hui, sur les sites web de La Presse, de Radio-Canada et du Journal de Québec, une déclaration pour le moins surprenante du député de Saint-Jérôme, et actionnaire de contrôle du groupe Québecor, Pierre-Karl Péladeau. «Je n’ai pas à répondre aux questions des journalistes», a-t-il dit tout juste avant de rejoindre le caucus du Parti Québécois.

L’élu a par la suite précisé sa pensée, affirmant qu’il n’a pas le temps de constamment répondre aux demandes d’entrevue et qu’il ne souhaite pas ainsi « se soustraire au quatrième pouvoir ». De plus, ajoute-t-il, il préfère communiquer directement avec ses électeurs via sa page Facebook.

Une attitude qui lui vaut plusieurs critiques de la part de la CAQ.

Comme actionnaire d’un conglomérat de presse, ça paraît mal, lui qui devrait plutôt prôner la transparence et l’accès à l’information pour les journalistes.

Mais de deux choses l’une: alors qu’il est clair que M. Péladeau ne craint pas ou ne semble pas haïr les journalistes – il ne semble pas non plus faire preuve  de mauvaise foi-, il faut aussi souligner que, comme individu, il est dans son plein droit de ne pas vouloir s’adresser à eux.

En effet, aucune loi n’exige de quiconque de répondre aux questions des médias.

Or, comme élu, M. Péladeau a des comptes à rendre aux citoyens qui l’ont porté au pouvoir. Il peut très bien le faire à travers les médias sociaux, mais en refusant de passer par les médias traditionnels, quand cela est possible, il ne contribue pas à faire de l’État un État plus transparent.

Quel exemple donne-t-il aux autres députés? Si le député de Saint-Jérôme estime qu’il n’a pas répondre aux journalistes car il effectue lui-même ses communications, cela envoie un message inquiétant aux autres membres de l’Assemblée nationale.

Le message qu’ils peuvent se soustraire aux journalistes s’ils communiquent l’information autrement qu’à travers les canaux traditionnels. Canaux qui sont obligatoirement accompagnés d’un filtre journalistique.

En préférant s’adresser lui-même aux citoyens, M. Péladeau développe effectivement une certaine forme de proximité avec ceux-ci. Mais il échappe aussi à ce filtre; de ce fait, il ne diffuse que les informations qu’il souhaite rendre publique et ce, de la manière de son choix.

Un luxe dont il ne bénéficierait pas s’il s’adressait aux journalistes pour les transmettre, car le mandat des médias est de mettre les déclarations des élus en contexte, de réaliser des dossiers et d’enquêter. Les informations qu’ils reçoivent de la part du gouvernement et des élus est pour eux un précieux outil de travail.

Est-ce pour se distancer des allégations selon lesquelles il exerçait un contrôle sur l’information du temps qu’il gérait Québecor?

N’oublions pas non plus que M. Péladeau pourrait, plus tôt que tard, devenir chef de l’opposition officielle à Québec, et qui sait, premier ministre de la province un jour. Un chef de parti, voire un premier ministre, qui a longtemps évolué, et qui évolue encore – on ne sait pas jusqu’à quand, dans le milieu des médias, ne pourra éternellement esquiver les questions des journalistes grâce à d’autres méthodes de communications.

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