Hier, la Fédération nationale des communications a milité pour un financement de l’État auprès des médias écrits. Cette conférence de presse découle du colloque que la cellule syndicale avait organisé le mois dernier, dans le cadre de la Journée internationale de la liberté de presse. La firme MCE Conseils y avait alors présenté une étude qui faisait état des difficultés économiques de l’industrie des médias.
Dans cette foulée, l’Association des journalistes indépendants du Québec avait déposé un mémoire prônant l’intégration des médias d’information à la Politique culturelle du Québec, jugeant que l’information, au même titre qu’une chanson ou une oeuvre d’art, était un produit culturel témoignant de notre patrimoine collectif et qu’en ce sens, elle devrait être assujettie au même genre d’aide financière.
Ainsi, la FNC réclame de l’État trois mesures transitoires, telles un crédit d’impôt de 25% sur la masse salariale, qui grimperait à 35% pour les médias régionaux, l’adaptation des stratégies publicitaires pour faire face aux gros joueurs du Web, de même que l’ajout de 3$ au Plan culturel numérique du Québec. On souligne qu’ailleurs dans le monde, des gouvernements ont choisi de soutenir leurs médias, et de façon plus importante qu’ici.
Mesures transitoires, donc, parce qu’elles ne doivent pas soustraire les patrons de presse à leurs responsabilités d’investir et de maintenir les médias, rappelle-t-on.
La présidente de la FNC, Pascale St-Onge, rappelle qu’une société démocratique en santé est pourvue de divers médias et que ceux-ci doivent avoir les ressources et les moyens d’informer adéquatement la population. Avec la compétition d’Internet, les médias traditionnels qui n’ont pas fait le saut vers le numérique ont du mal à garder le rythme, soutient-elle.
Mais pourquoi uniquement la presse écrite? Il est vrai que le papier est un support en déclin, que les coûts reliés à l’impression sont les plus importants pour un journal, que les revenus publicitaires y dégringolent et que ce type de média perd des lecteurs à la vitesse de l’éclair. Tout autant de conditions pour expliquer la fonte des emplois dans ce secteur.
Le président directeur général de Groupe Capitales Médias, abonde en ce sens. Comme d’autres représentants de l’industrie de la presse écrite, il dénonce aussi les coûts astronomiques des redevances au recyclage que les médias doivent verser aux municipalités.
Si plusieurs sont en faveur de ces propositions, il importe de rappeler que d’autres sont frileux à l’idée que l’État finance, d’une façon ou d’une autre, les activités des médias, indépendance oblige.
Cela dit, l’unanimité semble impossible à atteindre quand on se penche sur les différentes manières de sortir les médias de leur état de crise. Un réinvestissement massif par les entreprises de presse elles-mêmes semble utopique alors que, pour rester à flot, elles rationalisent leurs salles de presse et misent sur des alternatives hybrides, comme la publicité native. Il est aussi peu probable que les annonceurs reviennent massivement vers les médias traditionnels alors qu’avec le Web, ils bénéficient d’une visibilité à moindre coût, voire gratuite, en plus d’un contact direct avec leur auditoire. Et que dire du public qui n’a pas intérêt à payer alors que la nouvelle se trouve ailleurs gratuitement?
Il semble que la FNC ait oublié une suggestion très importante dans sa liste de souhaits à l’État, et qui permettrait peut-être, à moyen ou long terme, de réunir des conditions gagnantes pour renflouer les coffres de l’information. Et si l’État commençait simplement par rééduquer la population à l’importance et au rôle de la presse?