Hier, la FPJQ, section Outaouais, dénonçait l’exclusion de cameramen et de journalistes de TVA Gatineau-Ottawa et de Radio-Canada Ottawa-Gatineau d’une rencontre tenue plus tôt cette semaine avec le premier ministre du Québec, Philippe Couillard.
« La rencontre, tenue en marge d’une annonce en matière d’éducation et de santé, visait à donner aux médias régionaux l’occasion de discuter des enjeux touchant la région », peut-on lire dans le communiqué.
Comme journaliste, on ne peut s’empêcher de sourciller. Celui qui nous avait promis, à son élection de 2014, d’être « le gouvernement le plus transparent de l’histoire », a la transparence plutôt élastique. Ou hermétique, pour citer le collègue Martin Guidon. Aurait-on affaire à un premier ministre Saran Wrap?
La volonté d’entretenir les médias d’enjeux locaux est fort louable; il est également tout aussi louable de laisser la parole aux plus petits joueurs; ça l’est un peu moins de tenir des antennes régionales à l’écart sous prétexte qu’elles sont affiliées à un média national.
Cela démontre la méconnaissance du premier ministre et, par affiliation, du gouvernement, du paysage médiatique québécois. Un média n’est pas un réseau, et l’inverse est aussi vrai.
Comme la section régionale de la FPJQ l’énonce, cette méconnaissance est surtout nuisible pour les publics en région, particulièrement ceux qui ne s’informent que par la télévision.
Une opération de communication a toujours intrinsèquement un de ces deux objectifs: diffuser une information qui nous avantage et/ou tenter de distraire les médias d’une information qu’on aimerait bien camoufler car elle nous désavantage.
Comme le cabinet a convoqué cette rencontre pour traiter d’enjeux régionaux, on considère que le gouvernement souhaitait faire bonne figure dans son engagement envers lesdits enjeux et transmettre de l’information importante à la population locale.
Alors, en excluant certains médias, ne se tire-t-il pas dans le pied dans sa quête de rejoindre le plus grand nombre de personnes possibles pour faire passer son message?
Outre cette maladresse, que l’équipe du premier ministre a promis de revoir à l’avenir, quelque chose me chicote. Comment les autres journalistes ont-ils réagi devant l’expulsion de leurs collègues?
Comme je n’étais pas là, je ne peux pas présumer de ce qui s’est produit ensuite.
Mais j’ai pour dire que quand il n’y a pas d’exclusivité à avoir, la solidarité journalistique est de mise.
Et si les journalistes, en soutien à leurs collègues, avaient boycotté la rencontre? Et s’ils avaient refusé d’y prendre part tant que les exclus n’étaient pas bienvenus?
Certes, il faut des couilles pour tenir ainsi tête à une source, d’autant plus importante que c’est le premier ministre lui-même. On comprend aussi que les impératifs des médias, qui sont d’avoir la nouvelle à tout prix et de ne rien laisser filer entre les mains de la concurrence, compliquent grandement un tel coup d’éclat.
Mais en ne réagissant pas au sort d’un collègue, le rapport de force entre les médias et leurs sources s’affaiblit.
À cogiter.
Grandes inspirations…
Pourquoi ça vient toujours me chercher quand on parle d’informations locales? Probablement, parce que depuis des années, « c’est à Montréal que ça se passe ».
Bien regrettable ce qui a pu se passer à Gatineau-Ottawa, mais le premier ministre avait bien le droit d’inviter qui il voulait « à son party ». J’ai déjà entendu dans une/des entreprises… le droit de gérance. Le « boss » a le droit de faire ce qu’il veut. D’un coup que le premier ministre aurait fait de même?
Dans le même contexte, dur de reprocher à un journaliste local de ne pas avoir couvert l’évènement. Comment aurait-il pu expliquer à son « boss » qu’il a refusé de prendre des informations du premier ministre juste parce que TVA et Radio-Canada (probablement les « nationaux » Alain Laforest et Sébastien Bovet) s’étaient fait tasser?
Je me souviens d’une autre époque, en région (Montréal est toujours une région à ce que je sache), on devait « tasser du monde de RDS » pour la couverture de conférence de presse du club local de hockey. Ou du moins prendre notre place et foncer dans le tas comme je le disais souvent à « ma » journaliste qui en était à ses premières expériences.
Je n’y étais pas non plus. Est-ce que les journalistes et caméramans sont aussi « sympathiques » entre eux que je pouvais l’être dans une autre vie?
Et pour tout dire…, le public ne se plaindra pas d’avoir eu moins de nouvelles du premier ministre parce que TVA et Radio-Canada n’y étaient pas.
On pourra se parler de la décision du CRTC pour les télévisions communautaires et locales la prochaine fois. Encore là, tout va bien, madame la marquise!
Triste constat tout de même.
J’aimeJ’aime