Grosse nouvelle. Très grosse nouvelle même.
Les quotidiens régionaux Gesca ont été vendus à un nouveau groupe de presse, Groupe Capitales Médias, derrière qui on retrouve l’ancien ministre libéral Martin Cauchon.
Les employés ont appris la transaction en même temps que le reste du monde. Un peu dommage et indélicat, mais nul besoin de vous dire que ce fut toute une onde de choc.
Avant de poursuivre, je tiens à rappeler, si cela est nécessaire, que mon opinion, exprimée sur ce blogue, ne reflète pas celle de mes collègues, de la direction de La Voix de l’Est, de la FPJQ – national ou de la section Montérégie – ou de quiconque dans les organisations concernées. (Tant qu’à être claire…)
Précision faite, je me lance.
Du côté de Gesca, on indique vouloir se concentrer sur l’application La Presse +. Ici un extrait d’une dépêche de la chaîne Argent:
Le président de Gesca, Guy Crevier, a expliqué la décision de se départir de sa filiale régionale par le désir de se consacrer effectivement au déploiement de son projet tablette, qualifiant les résultats de prometteurs et espérant pouvoir commercialiser le produits auprès d’autres groupes, sur le marché international.
«Cette transaction est positive pour les deux parties, car elle permettra tant à La Presse qu’à l’acquéreur de poursuivre leurs objectifs respectifs», a mentionné Guy Crevier.
En effet, le nouveau propriétaire indique qu’il misera sur l’information régionale, qu’il compte revaloriser au sein du groupe, qu’on appelait le G-6. Pour cela, la transaction semble positive, à condition que cette promesse se concrétise. Elle devra se concrétiser.
Cela confirme aussi la perception que plusieurs avaient vis-à-vis la relation de Gesca avec ses régionaux, c’est-à-dire que ces derniers auraient été négligés au profit de la fabuleuse application.
Parce qu’en se débarrassant ainsi de ses quotidiens régionaux, Gesca confirme qu’elle ne voyait pas d’avenir dans ses médias hors métropole, la tablette n’ayant pas pénétré les régions comme elle l’a fait à Montréal. Qu’il n’y avait que la tablette et que les autres étaient un caillou dans son soulier… de verre.
En ce sens, les régionaux étaient un peu à Gesca ce que Cendrillon était à sa marâtre. Du moins, c’est ainsi que c’était parfois perçu.
À l’inverse, en étant libérés des contraintes imposées au profit de La Presse +, les régionaux pourront se concentrer sur ce qu’ils font de mieux, sans avoir de bâtons dans les roues de la part de leur maison-mère, qui semblait miser tous leurs profits et tous ses espoirs dans son nouveau jouet. En espérant qu’il ne se transforme pas en citrouille sur les coups de minuit.
Sans parler de leur avenir incertain sur tablette, une avenue qui demeurait nébuleuse malgré le succès de La Presse +. Gesca pourra donc abandonner le papier, alors que les régions pourront conserver le format qui fonctionne encore là où l’Internet ne se rend pas toujours… Et pourtant, il y en aurait eu du potentiel pour les régions, si elles avaient été impliquées dans le projet.
Un boulet de moins des deux côtés, quoi.
La première inquiétude qui nous est venue en tête concerne les emplois. Dans son récapitulatif, Hugo Prévost indique que le sort des employés n’est pas encore connu:
Pas d’engagement ferme non plus en ce qui concerne le maintien des plus de 500 emplois, y compris près de 200 journalistes. Les employés des divers journaux sont actuellement en négociation pour renouveler leur convention collective, et l’annonce d’une vente des actifs fait craindre les mises à pied. « Personne ne va prendre d’engagement visant à maintenir les emplois sur cinq ou 10 ans; les défis sont les mêmes pour tous les médias. L’industrie vit une transformation, il faut vivre avec ça. J’ai récemment rencontré les 17 unités syndicales, nous avons discuté de cette question », mentionne M. Cauchon.
Or, certaines de mes sources m’indiquent que la rencontre avec les syndicats n’a jamais eu lieu. Les syndicats ont d’ailleurs été tout aussi surpris de la nouvelle que les autres employés.
Avant de me méfier, je préfère laisser la chance au coureur. Peut-être que cette transaction représente une opportunité inouïe pour les régionaux. Cendrillon aurait-elle trouvé son prince charmant?
Entendre M. Cauchon dire que l’information régionale sera une priorité, c’est de la musique à mes oreilles, car c’est la raison d’être des quotidiens d’autrefois-Gesca.
Notre travail sur le terrain continuera comme avant, si ce n’est que nous devrions avoir les coudées plus franches à l’avenir. Paul ne sera plus déshabillé pour habiller Pierre.
Et à Pierre-Karl Péladeau, qui voit dans la transaction la mort annoncée de nos quotidiens:
Famille Desmarais s’est trouvée un « faux-nez » pour la fermeture des quotidiens Gesca. La question qui tue : Quand ? http://t.co/xv2OJqGF0q
— Pierre Karl Péladeau (@PKP_Qc) 18 Mars 2015
j’ai répondu:
@PKP_Qc Presse régionale forte = essentielle à la démocratie. Vous, + que quiconque, devez savoir. Mieux vaut faux nez que mauvaise langue.
— Marie-Ève Martel (@memartel87) 18 Mars 2015
Je dédie le mot de la fin à tous mes (ex)collègues de La Presse: je vous aime encore.
Bon texte Marie. J’admire ton audace.
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Si ça peut vous consoler, nous avons aussi appris la transaction Québecor-Transcontinental pour les hebdos régionaux en même temps que tout le monde 🙂
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