Il est toujours intéressant de parler journalisme avec des collègues, tous médias confondus. Toutefois, deux constats ressortent immanquablement de chacune de ces discussions: la passion du métier et les impératifs économiques qui régissent sa pratique.
Comme s’il était impossible de faire du bon journalisme sans avoir les poches profondes. Mythe ou réalité? La qualité de l’information est-elle indissociable de la santé économique de son média? Tout est relatif, à condition de savoir comment bien jouer ses billes.
Il est évident que les grands médias de ce monde réussiront toujours à nous épater avec de grands reportages et des enquêtes fouillées. Et heureusement, car ils sont là pour ça. Aussi, certains médias plus petits ou plus audacieux parviennent à faire des miracles avec les moyens du bord, même s’ils flirtent avec le rouge en permanence.
Mais comme le journalisme est fait de vœux pieux, d’honnêteté intellectuelle et d’idéalisme, il est parfois un dur retour à la réalité que de se rappeler que les prérogatives économiques d’un média sont plus que jamais déterminantes pour le type d’information qu’on y retrouve.
D’abord, la gratuité des nouvelles a changé la donne. Plus personne ne veut payer pour les nouvelles, mais celles-ci ont un coût, on l’oublie souvent. Il serait ardu de retourner en arrière, particulièrement parce que les sources gratuites en ligne abondent.
Or, s’il consulte les nouvelles, même gratuites, c’est que le public juge que ces nouvelles ont une certaine valeur. Cette valeur découle-t-elle du fait que l’information est un bien public?
Les médias payants eux, continuent de voir leur banque d’abonnés fondre, un phénomène qui s’explique à la fois par la gratuité, mais aussi par un désintérêt plus marqué par les plus jeunes sur l’actualité, ou du moins l’actualité générale. Les nouveaux médias relaient des contenus spécialisés, et il est désormais possible de filtrer les nouvelles pour ne consulter que celles susceptibles de nous intéresser.
Ajoutons-y une méconnaissance visible de la population du rôle des médias, une méconnaissance qui s’accompagne parfois d’une certaine forme d’indifférence face à leur sort, ou de cynisme, selon les cas.
Qui dit baisse d’auditoire dit également baisse de revenus publicitaires. Les investissements en pub migrent vers les plateformes plus populaires, qui ne créent pas nécessairement de contenus, mais qui agissent à titre d’agrégateurs. L’apparition du publireportage et des contenus commandités amène pour sa part une confusion. Impasse ou invitation à changer?
En parallèle, il semble difficile, dans le contexte actuel, de convaincre le public de payer pour s’informer, alors que certains patrons de presse perçoivent eux-mêmes la dépense encourue pour la production de cette information comme un mal nécessaire, une entorse à leur chère rentabilité.
Si la nouvelle est trop coûteuse à produire, certains médias feront le choix de ne pas la traiter et se rabattront sur des sujets plus simples et moins dispendieux en temps, en argent ou en journalistes. Une situation qui enflamme les passions dans certaines salles de nouvelles, à l’occasion.
La qualité des contenus ne peut qu’en pâtir, même si plusieurs parviennent à tirer leur épingle du jeu.
N’oublions jamais que les retombées du contenu sont beaucoup plus grandes que le média lui-même, même si elles ne sont pas pécuniaires; c’est là la beauté de notre mission.
Ajoutons à cela des compressions et la précarité croissante des emplois, la concentration de la propriété et la convergence qui en découle: les astres semblent alignés pour compliquer le travail des journalistes.
La convergence permet aux propriétaires de médias de couvrir un plus grand territoire tout en économisant sur le contenu. Conséquemment, il y aurait — mathématiquement parlant — de moins en moins de production de contenus journalistiques, tout comme il y aurait de moins en moins de producteurs de contenus.
Cette concentration de la presse nuit-elle réellement à la diversité des voix? La question a été posée et porte à réflexion : vaut-il mieux un média embauchant 100 journalistes ou deux médias qui en comptent 50 chacun?
Car jusqu’où peut-on faire plus avec moins? Une limite sera forcément atteinte.
Ce qui m’inquiète, c’est la Montréalisation de l’information. Heureusement, certains groupes comme ceux de TC Media et le groupe de Martin Cauchon sont encore présents. Je crois que l’on devrait donner plus de place et d’argent aux télévisions communautaires (TVCOGECO, MaTV ou autonomes) pour continuer à faire de l’information et que celles-ci puissent échanger plus de contenu. Il n’est pas vrai que le contenu de MAtv Sherbrooke n’intéresse pas les gens de TVCOGECO Magog. L’inverse est aussi vrai. Mais, dans un domaine ou le « contrôle de l’information » est important, c’est toujours compliqué pour certains médias locaux de collaborer… tout ça parce que je crois que l’on oublie, en fin de compte, peu importe par qui l’information est livrée, la personne au bout du compte veut avoir sa nouvelle qui « la touche, chez eux ». À Granby, la collaboration entre la radio, les journaux et MaTV, comment est-ce?
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Il est vrai que l’information régionale est sans cesse menacée, mais ses artisans se battent pour la préserver. J’oserais même dire qu’au Québec, on a une information régionale de qualité, malgré le fait que des voix s’éteignent ici et là. À Granby, il y a une belle entente entre les différents médias sur le terrain.
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