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L’information régionale, qu’ossa donne? (2017)

Samedi dernier s’est déroulé le tout premier forum montérégien L’Information régionale, qu’ossa donne? organisé par la FPJQ-Montérégie. Un projet sur lequel j’ai planché pendant deux ans en compagnie des autres administrateurs de la section et qui s’est concrétisé grâce à un travail d’équipe formidable.

La rencontre s’est tenue au Centre communautaire de Saint-Bruno-de-Montarville, avec l’objectif de voir échanger journalistes, patrons de presse, observateurs et membres du grand public.

Voici un (très bref) résumé de la demi-journée, forte en réflexions intéressantes.

Sur le rôle de la presse régionale:

Ex-journaliste, la députée caquiste de Montarville, Nathalie Roy, rappelle que les médias sont le contrepoids au pouvoir, même si bon nombre d’élus ne comprennent pas le travail des journalistes. Ceux-ci peuvent poser des questions que certains députés ne peuvent poser.

« J’avais plus de pouvoir dans ma liberté de parole quand j’étais animatrice et journaliste que depuis que je suis députée », affirme celle qui perçoit dans son propre rôle celui d’aider les médias à bien s’acquitter de leur tâche.

Aux yeux de Brenda Shanahan, députée libérale fédérale dans Châteauguay, les médias régionaux permettent à des acteurs ne disposant pas d’une tribune sur le front national de s’exprimer.  La radio et la télévision communautaires ont un rôle de premier plan pour informer, souligne-t-elle.

Des propos qui ont trouvé écho chez ceux de la mairesse de Sainte-Julie et présidente sortante de l’Union des municipalités du Québec, Suzanne Roy. Celle-ci a déploré l’effritement du nombre de voix régionales, qui se traduit par un partage de contenus de moins en moins local. Parce qu’ils s’y reconnaissent moins, il n’est pas étonnant que les gens consultent de moins en moins leurs hebdomadaires, a-t-elle soutenu. Pour pallier au problème, il importe de recréer un lien de proximité avec le public, croit l’élue.

Ce lien a d’ailleurs été transformé avec l’apparition des médias sociaux, a soutenu le maire de Saint-Bruno-de-Montarville, Martin Murray.  « On peut pousser notre information directement, sans intermédiaire. Le journaliste vient poser un certain nombre de nouvelles importantes, qui s’incarnent de façon différente », note-t-il.

Sur le projet de loi 122: 

Le projet de loi, dont un des articles pourrait libérer les municipalités de diffuser leurs avis publics dans les médias imprimés, privant ceux-ci de plusieurs dizaines de milliards de revenus et menaçant de fermeture certains titres.

Les invités n’étaient toutefois pas sur la même longueur d’onde face à la mesure.

Nathalie Roy, elle, reconnaît que la mesure menace la survie financière de certains médias, ajoutant que la CAQ prendrait position afin de maintenir l’obligation des villes à publier des avis publics dans les journaux, car cela aide les médias à survivre. « Les gens doivent savoir ce qui se passent dans leur communauté », ajoute la députée de Montarville, qui perçoit l’étude du projet de loi comme une opportunité de se questionner sur les façons de conserver les journaux locaux,.

Les élus municipaux sont d’un autre avis. Bien qu’en faveur de la survie des médias locaux, ceux-ci allèguent que le financement des médias ne relève pas d’eux exclusivement.

« Est-ce que c’est la responsabilité des villes, à elles seules, de financer les médias? Peut-on obliger les autres palliers de gouvernement à faire de même? » demande Suzanne Roy.

« La crise des médias ne peut pas relever uniquement des municipalités. Notre rôle n’est pas de supporter financièrement des médias, c’est de rejoindre de la façon la plus complète possible les citoyens quand on a une information à leur communiquer », a renchéri Martin Murray.

Sur la captation vidéo et l’enregistrement des séances: 

Là aussi, les opinions ont divergé. Si les journalistes présents se sont tous, ou presque, prononcé en faveur de l’enregistrement des séances, les élus, eux, étaient plus réticents. Ceux-ci plaident pour un encadrement plus serré et ce, afin de limiter les dérapages, comme le cas de Sainte-Marie-Madeleine.

« Les journalistes, contrairement aux citoyens, ont un code de déontologie; ils ne font pas n’importe quoi avec les captations qu’ils font des séances », dit Suzanne Roy.

« Les assemblées publiques ne doivent pas devenir un cirque ou se retrouver dans certaines émissions satyriques, qui ridiculisent les élus », renchérit Martin Murray, ajoutant que des citoyens peuvent être intimidés par la présence de journalistes.

Pierre Saint-Arnaud, journaliste à la Presse canadienne, a toutefois souligné que le Commissaire aux plaintes du MAMOT a récemment rendu une décision permettant aux citoyens de filmer les séances publiques.

Le combat est toutefois loin d’être gagné…

Sur la notion de proximité entre les journalistes et leurs sources:

Trop proches de leurs sources, les journalistes en région? Pour plusieurs patrons de presse,  la proximité tient davantage d’une force que d’une faiblesse.

Un des moteurs du succès des médias locaux, c’est la proximité avec ses lecteurs, ses sources d’information. Il faut toutefois tracer la ligne entre intérêt privé et intérêt public, dit Marc Gendron, directeur de l’information à La Voix de l’Est.

Plus encore,  les médias ultra locaux font partie de la communauté, soutient Éric Aussant, de TC Média. « En étant journaliste, on participe activement à la vie de cette communauté », avance-t-il.

Comme journal, on veut avoir la nouvelle. On n’attend pas nécessairement la conférence de presse, même si les décideurs voudraient qu’on attende la coupe de ruban, note Jean-Luc Lorry, journaliste au Courrier de Saint-Hyacinthe. D’où l’importance de prendre soin des sources sur le terrain.

Bien qu’une certaine proximité avec les sources pourrait mener à des situations où surviennent de potentiels conflits d’intérêts, la déontologie et le professionnalisme des journalistes servent de rempart, note Philippe Clair, propriétaire de l’hebdomadaire Les Versants. « La crédibilité du média relève de l’épaisseur du mur avec les annonceurs et le contenu. La crédibilité du contenu est garante de la survie des médias », ajoute-t-il.

3 réflexions au sujet de “L’information régionale, qu’ossa donne? (2017)”

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